L'UE exige un limiteur de vitesse intelligent sur les nouvelles voitures à partir du 6 juillet 2022

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Par: VG 02-07-2021

Ces dernières années, le nombre de systèmes de sécurité sur les nouvelles voitures a considérablement augmenté. On assiste en particulier à une prolifération des 'systèmes actifs'. Il s'agit de dispositifs qui interviennent activement dans la conduite pour tenter d'éviter les accidents. Cela va d'une caméra qui surveille l'angle mort à un radar qui contrôle la distance avec la voiture qui précède et freine à votre place si nécessaire. Des dispositifs que l'Europe ne fait pas que promouvoir, mais qu'elle rend systématiquement obligatoires. Par exemple, l'UE a décidé (dans la directive 2019/2144) que toutes les voitures neuves homologuées à partir du 6 juillet 2022, soit dans un an exactement, devront obligatoirement être équipées d'un limiteur de vitesse actif intelligent. Il est surnommé ISA, pour Intelligent Speed Assist. Qu'est-ce que c'est exactement et comment fonctionne-t-il ? Auto55.be a mené l'enquête.

Qu'est-ce que l'Intelligent Speed Assist (ISA) ?

L'Intelligent Speed Assist utilise une caméra montée derrière le pare-brise afin de scruter les limitations de vitesse au fur et à mesure que vous évoluez sur la chaussée. Ce système peut être assisté par des données GPS. Cela fait un moment que pas mal de voitures sont équipées d'une première version de ce système. En générale, il indique sur le tableau de bord la limitation de vitesse en vigueur et les panneaux connexes. L'Europe exige en effet que les voitures reconnaissent également les sous-panneaux de signalisation, les interdictions de dépassement, les panneaux de zone particulières et les panneaux indiquant le début et la fin des agglomérations.

Quelles voitures en disposent ?

L'ISA deviendra obligatoire pour tous les nouveaux modèles (nouvelles homologations) à partir du 6 juillet 2022. Sur les séries de modèles existants – dont l'homologation est antérieure au 6 juillet 2022, chaque nouvelle voiture devra être équipée d'un limiteur de vitesse à partir du 7 juillet 2024, au plus tard.

Comment fonctionne-t-il ?

Les constructeurs automobiles devront signaler à l'Europe si un conducteur ignore le système
Les comités compétents de l'UE sont encore occupés à régler tous les détails techniques, mais les grandes lignes ont été divulguées. La directive prévoit 4 moyens par lesquels la voiture doit motiver le conducteur à adapter sa vitesse à la limite en vigueur. Pour l'instant, c'est le conducteur qui a le dernier mot. Il peut décider d'aller à l'encontre du système. Du moins pour l'instant. Le système sera également désactivable, mais l'UE impose qu'il soit actif à chaque démarrage de la voiture. Ainsi, ceux qui préfèrent le désactiver devront le faire après chaque démarrage.

  • 1 Contre-pression

Si le conducteur roule plus vite que la limite, la pédale d'accélérateur peut donner une contre-pression. Il peut s'agir d'une impulsion qui incite le conducteur à retirer son pied de la pédale, ou d'une pression plus élevée permanente. Ceux qui voudront rouler plus vite devront enfoncer la pédale de droite avec plus de force.

  • 2 Réglage automatique de la vitesse

Lorsque le régulateur de vitesse est en fonction, la voiture se cale automatiquement sur la vitesse lue par la caméra. En principe, la voiture relâche les gaz dans un premier temps pour atteindre la vitesse lue, mais s'il s'avère que la voiture ne ralentit pas suffisamment vite, les freins peuvent être actionnés automatiquement pour se stabiliser à la vitesse lue. Le conducteur peut accélérer lorsqu'il n'est pas d'accord avec l'analyse de la voiture, bien que cela aille évidemment à l'encontre du principe du régulateur de vitesse. Ce principe s'applique également dans le sens inverse.Lorsque la voiture détecte un panneau signalant une limite de vitesse plus élevée, elle accélère d'elle-même jusqu'à cette limitation.

  • 3 Signaux progressifs

Lorsque l'on approche de la limitation de vitesse, la voiture fera clignoter la limite sur un écran qui, selon la directive, doit se trouver 'dans le champ de vision direct du conducteur'. Si le conducteur ignore ce message, la voiture doit émettre un signal sonore qui peut être 'un son continu ou intermittent'. L'idée serait d'accentuer progressivement l'insistance des signaux, avant de les faire disparaître après un certain temps (qui n'a pas encore été déterminé). Si vous avez la patience d'ignorer les bips suffisamment longtemps, vous pourrez continuer à rouler à la vitesse qu'il vous plaira.

  • 4 Vibrations croissantes

Cette quatrième et dernière méthode est en fait une variante de la méthode précédente, mais les signaux lumineux et sonores sont remplacés par une vibration de la pédale d'accélérateur.

Une combinaison des deux méthodes est également envisageable.

L'Europe veut savoir si vous êtes à l'écoute

Il ne suffit pas aux constructeurs automobiles d'intégrer le système sur tous les nouveaux modèles à partir du 6 juillet 2022. Ils doivent également renvoyer à l'UE un grand nombre de données sur vos habitudes de conduite. Depuis cette année, les constructeurs automobiles sont tenus de communiquer la consommation réelle de carburant des nouveaux modèles, mais l'Europe veut aussi savoir si vous écoutez le limiteur de vitesse. Les constructeurs automobiles devront signaler à l'Europe si un conducteur ignore le système et à quelle fréquence exacte - dans le temps - le système reste actif. Ces données peuvent être téléchargées lors de l'entretien de la voiture ou transmises sans fil si la voiture est équipée de cette technologie. En tant qu'utilisateur, vous ne pouvez pas vous opposer à l'utilisation de vos données (anonymes).

Tout le monde trouve cela irritant

si irritant que les conducteurs éteindront les systèmes
L'Europe ne semble pas avoir l'intention de ralentir, et elle fait l'objet de nombreuses critiques. L'ACEA, l'organisation qui chapeaute les constructeurs automobiles européens, a déjà déclaré que le système est 'inefficace et carrément irritant'. Même l'Association internationale des piétons n'en est pas partisane. Il semblerait qu'ils soient 'tellement irritant que les conducteurs désactiveront les systèmes'. En même temps, le syndicat des piétons préférerait que le système ne puisse même pas être désactivé.

Le système est-il sûr et précis ?

Enfin, ces systèmes présentent un gros problème : ils sont imprécis. Pratiquement toutes les nouvelles voitures qui passent par la rédaction d'Auto55.be sont déjà équipées d'un système qui affiche la limite de vitesse. Nous faisons toujours le même constat : ces systèmes font beaucoup d'erreurs, parmi lesquelles certaines peuvent conduire à des situations dangereuses. Les systèmes de caméras ont le plus grand mal à s'adapter au contexte, imposant souvent des restrictions qui ne s'appliquent pas du tout. Par exemple, les panneaux sur les voies de sortie ou les routes secondaires. Les caméras interprètent parfois, par erreur, les autocollants placés à l'arrière des camions, bus ou tracteur, comme des panneaux de signalisation routière qu'elles considèrent donc comme des limitations de vitesse. Dans les zones de travaux, les choses vont plus souvent mal que bien. En outre, la volonté des Belges d'appliquer des limitations de vitesse souvent différentes dans de grandes parties du pays, signifie que les données GPS sont régulièrement obsolètes. Leur mise à jour peut prendre des années. Enfin, si rien ne change entre-temps.

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