Essai Alfa Romeo Tonale Plug-In Hybrid Q4

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Par: VG 21-11-2022

Métamorphose, un terme récurrent dans le discours des différents acteurs de la présentation du modèle que nous essayons pour vous cette semaine. Un terme qui est surtout employé pour définir le nouveau chemin, celui de l’électrification, qu’Alfa Romeo a finalement décidé d’emprunter. La marque italienne ne comptait effectivement pas le moindre véhicule électrifié dans sa gamme à l’aube de cette année. En revanche, elle compte être la marque qui passe le plus rapidement d’aucune voiture électrifiée à une gamme complète à zéro émission d’ici à 2027. Commercialisée il y a à peine quelques mois, la Tonale représente le chainon unissant ces deux pans de l’histoire de la marque. Après une version à hybridation légère (non rechargeable) de 130 ou 160 ch, arrive le tout premier véhicule hybride rechargeable de la marque. C’est aussi, logiquement, le plus efficient qu’elle ait proposé à ce jour. Il s’agit de la Tonale Plug-In Hybrid Q4. Comme vous pouvez l’imaginer, il n’y a pas de place pour la modestie dans une présentation de presse – ceci vaut pour toutes les marques – et la Tonale Plug-In Hybrid Q4 est donc la meilleure de sa catégorie à tout point de vue, du moins d’après ceux qui l’ont conçue. D’après nous, c’est avant tout un grand pas dans la bonne direction.

La Tonale Plug-In Hybrid Q4 sera disponible dans une version de lancement, baptisée ‘Edizione Speciale’, déjà hyper connectée, au prix de 51.000 €. Une somme rondelette qui inclut des inserts en titane, des jantes de 20’’, un pédalier en alu et des étriers de freins Brembo anodisés rouge. Ensuite, il y a la fintion TI, mettant l’accent sur l’élégance et le raffinement, qui s’échange contre 53.000 €. La version ‘Veloce’ occupe le trône, pour l’instant, au prix de 55.500 €. Comme son nom l’indique, elle correspond plutôt à ceux qui préfèrent les performances et la sportivité. Vous en conviendrez, ce n’est pas donné. Alfa joue dans la cour Premium. Cette Tonale est même plus chère que l’Audi Q3 Sportback 45 TFSIe de 245 ch qui se vend à près de 51.000 €, sans option et avec une consommation d’environ 2l/100 km.

Extérieur

Le design n’est pas surchargé, la ligne est élégante et les proportions sont équilibrées
Nous savons bien l’importance qu’occupe le design dans le cœur des Italiens. Cette Tonale est facilement reconnaissable en tant qu’Alfa, par son design justement. Les concepteurs n’ont pas cherché à marquer le coup avec un design trop chargé, mais plutôt à conserver une ligne élégamment simple et des proportions relativement équilibrées, accompagnées de certains éléments typiques de la marque, comme les feux avant et arrière à trois boucles, les rétroviseurs et les poignées de portières effilés, l’indémodable calandre et bien entendu, les jantes à cinq cercles si chères au constructeur. Elément spécifique à cette hybride : le biscione, cette vipère à droite du logo de la marque, devient l’électro-biscione. La marque ne va pas jusqu’à modifier tout le logo, mais elle intègre une sérigraphie de cet électro-biscione sur la custode arrière gauche. L’humain dans la bouche du serpent a été remplacé par une prise de courant. Très réussi.

En termes de dimensions, la Tonale est plus proche de l’Audi Q3 Sportback (4,50 m) que de la BMW X2 xDrive 25e PHEV (4,36 m). L’italienne s’étale sur 4,52 m, pour 1,84 m de large et 1,60 m de haut. Bien qu’elle rende 4 cm d’empattement au SUV d’Ingolstadt (2,64 m vs 2,68 m), cela ne l’empêche pas d’offrir autant d’espace aux places arrière. En utilisant les cinq sièges, le volume de coffre est similaire : 385 litres pour l’Alfa et 380 pour l’Audi. Ce n’est pas très grand, mais au moins, lorsque l’on couche la banquette arrière, le volume passe à 1.430 litres, ce qui n’est pas mal du tout, et le plancher est plat.

Intérieur

On retrouve la même simplicité, emprunte d’élégance, à l’intérieur. Une fois encore, le design n’est pas surchargé. Tout est à sa place, soigné, bien rangé, rien n’est ‘de trop’. Notons toutefois certains petits détails de finition, comme les plastiques durs, surtout aux places arrière, ou d’assemblage quelque peu moins flatteurs. Mais c’est la norme actuelle, donc, dans l’ensemble, c’est de bonne facture. Le confort et le maintien des sièges est très correct. La banquette arrière se montre plus ferme, mais l’espace aux jambes est dans la moyenne haute du segment. L’habitacle de notre monture d’essai, en finition Veloce, n’explose pas de couleurs, il est vrai, malgré quelques accents imitant l’aluminium brossé. Mais cela fait partie d’une certaine élégance. En fait, ces inserts sont de la même couleur que la carrosserie, tout comme les surpiqures. Ils seront donc remplacé par du vert, du bleu, du rouge, en fonction de votre choix pour l’extérieur. En face du conducteur, un bloc d’instrumentation entièrement digitale de 12,3 pouces. Au sommet de la console centrale, un écran multimédia tactile de 10,25 pouces. Très belle qualité d’affichage dans les deux cas. Ce qui semble finalement normale à ce niveau de prix. Heureusement, vous ne devrez pas vous y aventurer pour changer la température de l’habitacle, car ces commandes restent physiques, placées juste en dessous des buses centrales d’aération. Un bon point pour l’ergonomie et contre la distraction. Cette Tonale est aussi à la pointe de la technologie, avec une floppée de contenus technologique et de connectivité. Elle peut même se targeur d’être la première à avoir recours à un certificat NFT sur la blockchain, pour, entre autres, la protection de ses données, la garantie de son identité ou encore le bon entretien du véhicule.

Sécurité

Tout comme la Jeep Compass, avec qui elle partage le châssis et la structure, la Tonale a obtenu les cinq étoiles au test EuroNCAP. Ce qui n’est pas étonnant. Ce qui l’est en revanche, c’est de constater que la sécurité des enfants (note de 85 %) est plus élevée que celle des occupants adultes (note de 83 %). La Tonale offre également une pléiade de dispositifs de sécurité électroniques essentiels, souvent de série, ce qui lui vaut une note de 85 %.

Malgré son comportement dynamique, on ne la catalogue comme pas comme ‘sportive’
Le système ADAS (Advanced Driver Assistance Systems) combine suffisamment de ces gadgets pour permettre une conduite semi-autonome de niveau 2. Elle dispose en effet d'un assistant de trajectoire, d'un régulateur de vitesse adaptatif, d'une caméra qui lit les panneaux de signalisation et qui scrute en permanence les usagers faibles sur la trajectoire de la voiture. Cela a suffi pour obtenir ce bon résultat.

Conduite

Les conducteurs belges parcourent 35 km par jour en moyenne. Avec sa batterie de 15,5 kWh placée sous le tunnel centrale et les sièges arrière, l’Alfa Romeo Tonale Plug-In Hybrid Q4 a homologué une autonomie électrique totale de 60 km selon le cycle WLTP (80 km en utilisation urbaine). Cela permet une consommation moyenne de 1,14l/100 km (WLTP). Ensuite, si vous continuez sans recharger, en utilisant le moteur thermique uniquement, la consommation moyenne remontera aux alentours des 6,5 litres aux 100 km, pour une autonomie totale électrique/essence de 600 km. Nous effectuons les premiers kilomètres en mode électrique, en plaçant la molette ‘DNA’ sur le mode A, comme ‘Advance Efficiency’. Nous apprécions, bien entendu, le silence de fonctionnement, mais surtout le confort général (malgré les jantes de 20’’) que procure le bon amortissement. Les chocs sont plutôt bien absorbés et la voiture ne plonge pas excessivement sur les phases de freinage, du moins en conduite normale (nous reviendrons plus bas sur la conduite dynamique). Cependant, nous avons relevé un certain flottement, bien moins flatteur, de la suspension sur les portions d’autoroutes. Nous avons trouvé la direction trop assistée, même en plaçant la molette sur D, comme ‘dynamique’. C’est un plus pour l’agilité en cycle urbain et cela permet également de masquer le poids conséquent du véhicule, certes, mais cela empêche de ressentir correctement la route à vitesse plus élevée. Cette Tonale dispose d’un mode de régénération de batterie (eCoasting), mais il ne fonctionne qu’en descente, et stabilise la vitesse à 50 km/h. C’est dommage qu’elle n’embarque pas un simple système de régénération que le conducteur puisse activer à tout moment, même sur le plat, pour profiter de l’énergie cinétique également sur les phases de freinage et pas uniquement en descente. Enfin, si vous disposez d’une e-prowallbox, elle peut se recharger de 0 à 80 % en moins de deux heures, pour autant que le débit de recharge atteigne 7,4 KW.

Nous avons également essayé la Tonale Q4 sur la piste d’essai d’Alfa Romeo, à Balocco, près de Milan. Le châssis, plutôt rigide, nous met assez rapidement en confiance. Mariant un petit moteur quatre cylindres turbo 1,3 litre de 180 ch à un moteur électrique de 122 ch (280 ch de puissance cumulée), on note des accélérations franches, grâce notamment au couple instantané du moteur électrique. La conduite est souple à tous les régimes. Le 0 à 100 km/h est abattu en 6,2 secondes pour ensuite atteindre 206 km/h en vitesse de pointe. Le fonctionnement du vecteur de couple est assez surprenant, surtout en sortie de virage avec le pied au plancher, elle ne perd rien en motricité. Elle ne prend pratiquement pas de roulis et ne tangue pas comme le font la plupart des SUV ‘non sportifs’. Nous mettons ces deux derniers mots entre des guillemets, car, malgré son comportement dynamique et rassurant, nous n'irons pas jusqu’à la cataloguer comme ‘sportive’. Disons plutôt qu’elle offre un bon compromis confort/sportivité. C’est également à cause de son poids : 1.835 kg. Elle pique du nez lors des phases de freinage appuyées. Ce n’est pas effrayant, mais cela lui fait perdre quelques points en termes de dynamisme. Notez, pour finir, que de traction intégrale, elle passe à simple traction lorsque le moteur électrique n’est plus alimenté par la batterie (il anime l’essieu arrière, alors que le moteur thermique se charge des roues avant). Vous remarquerez rapidement que vous serez à court de batterie, car la conduite deviendra plus poussive, surtout pour les dépassements, qui ne sont un vrai plaisir que lorsque les deux moteurs travaillent ensemble.

Conclusion

Alfa Romeo va mieux, c’est indéniable, mais c’était déjà le cas avant même l’arrivée de la Tonale. La marque transalpine est actuellement dans une dynamique aussi positive qu’ambitieuse. Elle semble bien partie pour atteindre son objectif ‘zero to zero’, qui promet une gamme complète de véhicules à zéro émissions d’ici à 2027. Un objectif qui, étant donné leur offre plus restreinte, devrait être moins ardu que pour d’autres marques. Malgré la Stelvio, commercialisée depuis plusieurs années, Alfa ne nous avait pas encore habitués à ce genre d’architecture et encore moins à ce type de groupe motopropulseur, puisque c’est le premier. Alors, est-ce que cette Tonale est une vraie Alfa ? Oui bien sûr, une Alfa qui vit avec son temps. Cette variante hybride rechargeable a beaucoup de charme et se montre agréable pour une conduite au quotidien. Elle repose sur un très bon châssis et démontre de véritables qualités dynamiques. Elle présente autant d’avantages, voire plus, que d’autres SUV compacts de ce genre. Du moins, tant qu’il reste de l’énergie dans la batterie. Ensuite, le petit 1,3l turbo fait entendre son mécontentement, car il est le seul à tracter le poids conséquent de l’engin. Pour conclure, il faudra accepter le positionnement premium du modèle, qui engendre des tarifs relativement cossus, et là c’est moins amusant.


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