Ford Fiesta ST200

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Par: VG 14-11-2016

Chaque marque dispose de ses lettres de noblesse. Pour la branche européenne du constructeur américain Ford, il s’agit des lettres RS. Deux lettres que la Fiesta a brièvement portées en 1990 avec la Fiesta RS Turbo (1.6 de 130cv) et en 1992 avec la Fiesta RS 1800 (1.8 de 130cv). Elle change d’appellation en 2005, pour adopter les lettres ST en tentant de garder la tête hors de l’eau dans un segment des petites GTI en pleine effervescence. Et aujourd’hui plus que jamais, ce n’est pas la concurrence qui manque : DS 3 Performance, Fiat 500 Abarth, Opel Corsa OPC, Peugeot 208 GTi ou Renault Clio RS. Donc, pour souffler ses 40 bougies et en même temps saluer la fin de carrière de sa sixième génération, la Fiesta nous gratifie d’une édition limitée baptisée ST200. C’est comme une ST classique, mais avec 18cv en plus sous le capot, un coloris inédit et des jantes spécifiques. La ST classique affiche un tarif de 22.850 €. La ST200 sera à vous en échange de 28.685 €, soit une augmentation de plus de 25%. Elle est aussi plus chère que toutes ses concurrentes citées plus haut, qui réclament entre 22.450 € pour l’Opel Corsa OPC et 27.450 pour la DS 3. Mais à sa décharge, la Fiesta ST200 n’a pas d’options, puisqu’elle reçoit tous les équipements en série.

Sur le plan dynamique, Ford fait malheureusement l’impasse sur le différentiel autobloquant mécanique

Extérieur

La dernière version de la ST est apparue en 2013. Elle offrait déjà un look relativement typé GTI : kit carrosserie avec bouclier avant ajouré, calandre sombre, becquet de toit, double sortie d’échappement et jantes de 17 pouces. Puisque la ST200 n’est qu’une formule améliorée de la première, il parait logique qu’elle lui ressemble fortement. Avec 3,97m de long et 1,71m de large pour 1,50m de haut, les dimensions n’évoluent pas. Ceci dit, maintenant que vous savez que ce coloris Silver Grey Storm et que ces jantes noires mat avec étriers de frein anodisé rouge lui sont exclusivement réservés, vous saurez comment les distinguer. Si vous avez encore un doute, vérifiez la malle arrière, les lettres ST sont soulignées par le nombre 200, pour confirmer qu’il s’agit bien de la plus puissante Fiesta de l’histoire. Dans l’ensemble, et si on la compare à une Clio RS ou une DS 3, elle demeure encore relativement discrète. Mais quelques détails comme les jupes latérales à la finition discutable ou l’antenne de toit placé en avant trahissent le manque d’inspiration sportive. Côté pratique, elle conserve un volume de coffre raisonnable qui varie de 290l en utilisant tous les sièges à 974l en rabattant la banquette arrière. Mais malgré un châssis abaissé de 15mm, le seuil de chargement est encore fort élevé.

Intérieur

Nous voici dans la partie la plus controversée de la petite bombe américaine, car l’intérieur offre du très bon, du bon et du moins bon. En ouvrant la porte, nous sommes accueillis par un logo ST lumineux et une paire de très jolis sièges Recaro. Ils semblent vouloir nous hypnotiser pour nous éviter de nous attarder sur la quantité importante de plastiques durs que compte l’habitacle. Une fois installé, il faut reconnaitre que la position de conduite est idéale, bien droit et prêt du volant. Nous apprécions la caméra de recul, mais attention, il n’y a pas de senseurs de distances, ouvrez donc bien les yeux. Les sièges offrent un réel maintien latéral. Ils peuvent par contre se montrer trop étroits pour les ‘gabarits généreux’. Ceci dit, l’habitabilité est correcte à l’avant. Par contre, l’ergonomie laisse à désirer. La console centrale compte effectivement une grande quantité de bouton dont le placement n’est pas forcément logique. La manipulation du système d’info divertissement est loin d’être facile, pour ne pas dire carrément compliquée. Pour ne rien arranger, les informations s’affichent sur un écran minuscule situé en haut de console. Un aspect qui mérite vraiment d’être corrigé sur le prochain modèle. L’instrumentation analogique est très claire et présentée proprement, mais là encore, le petit écran de l’ordinateur de bord parait archaïque. Nous n’avons même pas droit à une jauge de température moteur. Quelques manomètres, comme dans la Focus RS, comprenant la température et la pression d’huile et la pression du turbo auraient pu apporter une touche de sportivité qui fait tant défaut à l’intérieur. Les places arrière sont bien plus avares en espace, surtout pour les jambes. Autrement, l’assise est confortable pour deux adultes, éventuellement trois, mais alors les plus menus de la bande et sur de courtes distances.

Si on la compare à une Clio RS ou une DS 3, elle demeure encore relativement discrète

Sécurité

Cela fait quatre ans que la Fiesta a passé les derniers tests EuroNCAP, date à laquelle la phase II de ce sixième opus a été mise sur le marché. Entre temps, le système d’attribution des étoiles et la manière de coter ont évolués. A l’époque, elle avait obtenu les 5 étoiles et des notes de 91% pour la sécurité des adultes et 86% pour celle des enfants. La ST200 dispose de 5 airbags, dont un pour les genoux du conducteur. Pas d’airbags latéraux donc, ce qui est bien dommage pour une compacte. L’ABS et l’ESP sont bien entendu de série, tout comme l’aide au démarrage en côte, le régulateur de vitesse, la surveillance de pression des pneus et les ancrages Isofix.

Conduite

Avant de tourner la clef de contact, on ose espérer que son ramage se rapporte à son plumage. Un doute qui ne durera que quelques dizaines de mètres. Le bloc quatre cylindres 1.6l EcoBoost développe 200cv à 6.000tr/min (215cv avec l’overboost) pour un couple fort appréciable de 290Nm. Cela représente 18cv et 50Nm de plus qu’une ST classique. Mais on doit reconnaitre que le concept d’overboost nous a complétement échappé. On s’attendait à un effet ‘coup de pied aux fesses’, mais il n’en n’est rien. Elle est équipée d’une boîte manuelle à six vitesses avec un rapport final de pont raccourci. C’est un plus en termes de réactivité et d’accélérations. Les montées en régimes sont plus franches et le 0-100 est signé en 6,7 secondes (contre 6,9s pour la ST). Le tout, accompagné d’un son sportif rauque et des ‘pschit’ de la soupape de décharge du turbo à chaque passage de rapport. Par contre, le régime moteur imposé par la boîte courte se révèle très sonore sur autoroute. A 120km/h, vous êtes au-delà des 4.000tr/min. Sur le plan dynamique, Ford fait l’impasse sur le différentiel autobloquant mécanique (la facture est déjà assez salée comme ça), c’est une tâche dont l’électronique s’acquitte parfaitement. Le train avant est scotché au bitume. Elle inscrit son museau avec beaucoup de précision en entrée de courbe et l’arrière suit sans dandiner. Malgré tout, sur ce plan, elle reste en retrait par rapport à la référence, la Peugeot 208 GTi et son différentiel autobloquant Torsen. L’équilibre du châssis est remarquable et il confère à la petite Fiesta un comportement globalement sain et rassurant. La direction assistée électrique est consistante et la remontée d’informations est bien réelle. Les freins sont très puissants et n’ont aucun mal à stopper les 1.163kg de la petite sportive. La suspension est plutôt rigide, ce qui handicape sérieusement le confort sur route dégradée, mais c’est caractéristique des petites GTI, cela fait partie de leur ADN. Elle est moins gourmande que ce à quoi nous nous attendions à ce niveau de performances. Ford enregistre un cycle moyen combiné de 6,1l/100km, équivalent à 140gr/km de CO2. Cela vaut ce que cela vaut, car nous avons probablement adopté un rythme plus dynamique que celui de Ford durant son homologation, mais nous avons enregistré une moyenne de 7,9l/100km.

Conclusion

Rapide, sonore et très stable, la Ford Fiesta ST200 dispose de tout ce que l’on attend d’une petite sportive compacte, comme on savait en faire à la fin des années ’80, début des années ’90. Le plaisir de conduite qu’elle distille viendrait presque effacer ses défauts intérieurs et son prix, presque ! Car sur le plan tarifaire, il nous semble que malgré une dotation de série généreuse, une telle augmentation de prix par rapport à la ST classique est difficilement justifiable. Ne soyez donc pas déçu si vous ne parvenez plus à mettre la main sur une ST200. Vous n’aurez qu’à vous rabattre sur une ST de 182cv. La différence de puissance n’est pas énorme et au moins vous pourrez choisir la couleur. Cerise sur le gâteau, vous économiserez près de 6.000 €. Attendue pour 2017, la nouvelle Fiesta aura intérêt à se racheter au niveau de l’offre multimédia et du choix des matériaux utilisés pour l’assemblage intérieur. Et si une version sportive devait arriver, un autobloquant mécanique ferait d’elle une des sportives compacte les plus intéressantes du marché.


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