Mini Cooper D Clubman

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Par: VG 22-04-2016

Lorsque l’on détient une recette qui marche, on l’exploite, on la diversifie, on en décuple les variantes. La Clubman est la première variante de la seconde génération de Mini (Type R55) de l’ère germano-britannique. Mais elle n’a rien inventé, puisque ce nom et cette architecture – certes en 2 portes à l’époque – existait déjà dans le catalogue Mini de la fin des années soixante. Voici donc la seconde génération de la Clubman (Type F54). Les motorisations sont un peu différentes par rapport à Mini 3 portes. Pour commencer, elle n’est – heureusement – pas disponible en version 1.2 de 75cv. Ensuite, le 1.5l trois cylindres se décline en trois niveaux de puissance : 102cv pour la One, 116cv pour la One D et 136cv pour la Cooper. Le deux litres à quatre cylindres est réservé pour les Cooper D, Cooper S et Cooper SD, avec respectivement 150, 192 et 190cv. Les tarifs varient entre 21.940 € pour la One Clubman en entrée de gamme à 29.790 € pour le haut de gamme représenté par le Cooper SD. En milieu de gamme, notre modèle d’essai, la Cooper D Clubman, s’échange contre 25.790 € de base. Les finitions font plutôt référence à des Packs, comme le Wired, Salt, Pepper et Chili. Celle qui nous concerne est équipée de la boite automatique Steptronic, des packs Wired et Chili, des sièges électriques sport, de l’affichage tête haute et d’une dizaine d’options supplémentaires. La facture totale s’élevé alors à 40.225 €.

Extérieur

Vu de face elle ne se démarque pas d’une Mini classique. La signature lumineuse à DEL est identique et le cerclage de phare chromé est aussi repris. Ce sont surtout les parties arrière et latérales de la Clubman qui ont évoluées. Le design de chaque élément est poussé au point de nous donner l’impression qu’elle finit par en faire trop, ce qui a tendance à avoir l’effet inverse. L’unique porte latérale antagoniste qui faisait la particularité du modèle précédent a disparu au profit de deux portes classiques de taille conventionnelle. Les feux arrière totalement inédits ont considérablement grandi et sont désormais placés à l’horizontale sur les portières au lieu de verticalement sur les montants. Les petites portières de coffre sont finalement les seuls stigmates qu’elle conserve du passé. Basée sur la plateforme de la BMW Série 2 Active Tourer, la Mini Clubman s’allonge à nouveau. Plus de 29cm, pour atteindre une longueur totale de 4,25m (contre 3,96m pour son prédécesseur). Il fallait bien ça pour accueillir les nouvelles portes. Elle s’élargit de 12cm (1,80m contre 1,68m) et prend encore 2cm en hauteur (1,44m contre 1,42m). Elle s’éloigne donc d‘avantage de l’esprit Clubman original et s’apparente plus à une Mini 5 portes break. Ce n’est donc pas surprenant qu’elle finisse par chasser sur les terres des Audi A3 (4,31m) et autres BMW Série 1 (4,33m). La bonne nouvelle vient du coffre, où le volume gagne pile 100 litres (360 contre 260 auparavant), ce qui la place ex-aequo avec la Série 1 et 20l derrière l’A3 (380l). En couchant la banquette - mesquine option à 175 € - elle passe à 1.250l (+ 320l par rapport à la première Clubman) et met la concurrence d’accord (1200l pour la BMW et 1220l pour l’A3).

Diamètre de braquage important, dimensions à la hausse et mauvaise visibilité arrière, ne sont pas bons pour la ville.

Intérieur

Fidèle aux autres modèles, l’intérieur de la Clubman est tout aussi design. L’assemblage et la finition sont corrects, mais peut-être pas encore digne du segment premium. Et si rien ne semble différent au premier regard, certaines dissimilitudes apparaissent en y regardant de plus près. La partie haute du tableau de bord abandonne la double boite à gants. Ensuite les piliers du bas de la console centrale disparaissent au profit d’un bloc arrondi reprenant les commandes de la clim. Le prolongement de la console central est placé plus en hauteur et incorpore un accoudoir moins encombrant et surtout un frein à main électrique. La sensation d’espace est plus marquée et on s’y sent moins tassé. Le confort des sièges est appréciable mais le confort général dépend toujours du mode de conduite qui vous aurez sélectionné, même si c’est moins flagrant que dans une Mini classique. La position de conduite est sujette à controverse. Le volant n’est effectivement pas tout à fait dans l’axe du siège conducteur, ce qui donne la sensation d’être assis un peu de travers. Par contre, l’ergonomie est excellente. Les commandes tombent sous la main, l’affichage tête haute est de très bonne qualité et le pavé tactile qu’elle partage avec certaines BMW est très simple et intuitif à utiliser. Le grand écran central de 8,8 pouces non tactile peut se diviser et afficher simultanément deux applications, comme la navigation et la radio par exemple. Le menu du système est clair, mais le maniement devient relativement compliqué lorsque l’on se perd dans les sous-menus. La caméra de recul est en option, mais sera utile lors des manœuvres, car la visibilité arrière est un grand point faible de la voiture. L’accès aux places arrière, grâce aux nouvelles portières, est forcément meilleur que dans le modèle précédent. Le gain d’espace en largeur et aux coudes est considérable. L’assise des sièges et l’espace aux jambes est meilleur que dans une Audi A3 Sportback par exemple. Par contre le tunnel central est très haut et gênant pour la personne occupant la place du milieu.

Le design trop poussé de chaque élément donne l’impression qu’elle finit par en faire trop

Sécurité

Aïe aïe aïe, elle n’a pas décroché les 5 étoiles durant les tests EuroNcap, mais 4 seulement. On savait le symposium européen plus sévère qu’auparavant, mais seule la sécurité des adultes reçoit une bonne note de 90%. Les autres sont toutes en dessous des 70%. 68% pour la sécurité des enfants et des piétons et 67% pour les aides à la sécurité. Mais il faut reconnaitre que l’équipement standard de sécurité est un peu chiche. ABS, 6 airbags, contrôle de stabilité et ça s’arrête là. Et même si en option elle propose un régulateur de vitesse actif, certains assistants comme l’alerte de dévoiement ne sont pas disponibles.

Conduite

Nous l’avons assez répété, la nouvelle Clubman s’est dilatée en tous sens. Heureusement, elle hérite du bloc 2.0l diesel twin power turbo de BMW. Ce bloc quatre cylindres délivre 150cv à 4.000tr/min pour un couple de 330Nm à 1.750 tr/min. C’est un gain de 35% par rapport au petit 1.6l de l’ancien modèle (112cv). Et le quintal d’embonpoint qu’elle s’est autorisé (1.395kg contre 1.290kg) n’influe en rien sur les performances, puisque, bien aidée par la boîte auto Steptronic à huit rapports, elle accélère à 100 km/h en 8,6 secondes, soit 1,7 secondes de mieux que son prédécesseur (10,3 secondes) et affiche 212km/h en vitesse de pointe (192 précédemment). Le moteur est souple et le couple arrive rapidement, cependant la courbe retombe assez brutalement au-dessus de 3.000tr/min. Les passages des rapports s’opèrent aussi discrètement que fréquemment, tant elle compte de rapports. Cela en devient ennuyant ! Et l’absence de palettes au volant vous obligera à vous servir du levier de vitesse pour les passer manuellement. Heureusement, dans un sens logique : tirer pour passer le rapport supérieur et pousser pour rétrograder. Si la concurrence passe un poil devant en performances pures, la Mini se rattrape en termes de comportement. Il est vrai qu’avec son empattement rallongé (2,67m contre 2,55m) et un tarage de suspension plus souple, elle est loin d’offrir l’effet ‘’karting’’ d’une Mini 3 portes, mais le bilan dynamique général est meilleur que celui de l’A3 ou d’une Série 1. Malgré un porte-à-faux plus conséquent, elle conserve un train avant très précis et bien sur ses appuis. L’arrière devrait en prendre de la graine, car il est moins agile et décroche facilement quand on la bouscule. Les petits écarts se corrigent facilement, grâce à une direction remarquablement bien calibrée. Nous ne pouvons pas en dire autant du freinage, que nous trouvons un peu timide au mordant. Comme nous le disions plus haut, la ville n’est plus son point fort. Le diamètre de braquage important, les dimensions à la hausse et une visibilité arrière médiocre, sont tous des ingrédients qu’il ne faudrait pas incorporer à la recette ‘’ville’’. Elle se débrouille bien mieux sur la route, là où son confort général et sa relative sobriété marquent des points. A ce propos, avec 5,8l/100km de moyenne durant l’essai, on se situe encore légèrement au-dessus des chiffres constructeurs, homologués à 4,3l/100km ou 113g/km.

Conclusion

L’empreinte au sol en croissance constante fait de la Clubman une compacte de moins en moins apte pour la ville, et à force, elle finit par jouer toute seule dans un segment qui ne semble intéresser aucun autre constructeur. Elle devra donc s’attaquer à des berlines du segment compact premium comme l’Audi A3 Sportback ou la BMW Série 1. Les tarifs de base sont relativement intéressants, mais une version équipée correctement peut facilement faire grimper la facture de plus de cinquante pourcent – 15.000 € d’extra pour notre monture d’essai. Mais ce n’est pas la raison qui pousse les puristes à la bouder, c’est juste qu’elle s’éloigne sans arrêt de l’esprit Mini comme eux le comprennent. Pour les autres, ce sera une compacte premium confortable et agréable à conduire, offrant une alternative très – voire trop – design à une concurrence purement allemande en manque d’inspiration stylistique, ou du moins n’osant pas prendre les même risques que l’anglo-saxonne. Et ce n’est pas le constructeur qui les contredira, tant qu’elles se vendent...


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