Jaguar E-Pace P300 R-Dynamic HSE

Voir 41 photos
Par: VG 02-05-2018

Les marques moins généralistes pensaient qu’elles échapperaient à certaines tendances imposées par les marchés. Qui croyait à la dieselisation d’une partie de la gamme Porsche il y a encore 10 ans ? Et pourtant ! La marque de Coventry a aussi été confrontée au dilemme des SUV. Arrivés un peu tard sur le marché, ils ont lancé un premier pavé dans la marre avec la F-Pace, concurrente des Audi Q5, BMW X3 et Mercedes GLC. Jaguar a du ensuite élargir son offre et s’est, comme tout le monde, attaqué à la taille M du segment SUV, en proposant l’E-Pace. Un SUV compact au look élégant et décalé, bien armé pour faire face à l’Audi Q3, la BMW X1 ou le Volvo XC40, entre autres.

La Jaguar E-Pace est la seule parmi celles citées plus haut à ne proposer que des motorisations deux litres. La nouvelle gamme Ingenium quatre cylindres se compose des D150, D180 et D240 pour le diesel et des P250 et P300 pour leurs homologues essence (Petrol). Vous avez compris que le nombre correspond à la cavalerie disponible sous le capot. La D150 FWD (roues avant motrices) et boite manuelle ouvre la gamme à 36.050 €. Le milieu de gamme, D180 AWD (quatre roues motrices) et boite automatique, tourne aux alentours des 43.200 €. La P300 R-Dynamic HSE que nous avons à l’essai, représente le haut de la gamme et réclame un ticket d’entrée de 65.150 €. Avec le toit panoramique, les sièges chauffants et ventilés, l’affichage tête haute et quelques autres options, la facture s’alourdit de plus de 10.000 € pour atteindre un total de 75.500 €. Des tarifs premium, en moyenne 20 à 30% plus élevés que la concurrence.

Extérieur

Jaguar a conduit cette E-Pace sur le chemin de l’hyperconnectivité

En façonnant cette E-Pace, les concepteurs de Jaguar ont eu la bonne idée de ne pas travailler sur une ‘petite’ F-Pace, mais bien sur un SUV compact avec sa propre personnalité. Ils ont également fait l’impasse sur l’ostentation et l’excès de zèle, ce qui lui vaut une ligne sobre et en même temps suffisamment captivante pour faire tourner la tête du passant autophile de tout âge. Les projecteurs de phares avant affinés jouxtent la calandre alvéolée typique de la marque britannique au félin. Les grandes prises d’air accentuent le côté agressif et sportif de la face avant. Les ailes arrière galbées procurent à l’ensemble une silhouette robuste et stable, alors que la ligne de toit plonge sur une partie arrière qui se termine en une pente nette et abrupte. Ceci lui confère une ligne atypique et osée qui font probablement de cette voiture, le SUV compact le plus agréable à regarder actuellement. Le hayon motorisé s’ouvre sur un espace à bagage haut et large dont le volume réel est plus important qu’il n’y parait visuellement. Avec 575 litres en utilisant tous les sièges, il se place même devant le BMW X1 (550l). En revanche, une fois les sièges rabattus, il offre 1.234l et cède sa place à la concurrence, en commençant par la X1 et ses 1.550l.

Intérieur

Un effort similaire d’originalité a également été fourni à l’intérieur. En gros, l’E-Pace ne reprend que trois éléments essentiels au reste de la gamme : le volant, le bloc digital d’instrumentation et l’écran d’infodivertissement. Le reste ; la console centrale avec sa petite poignée de maintien, le ‘joystick’ faisant office de levier de vitesse et les commandes de climatisation, ont été empruntés à la sportive F-Type. Sauf qu’ici, on a plus d’espace et la position de conduite est typiquement celle d’un SUV. On y est assis haut et droit, avec une bonne visibilité. Toutes les commandes tombent sous la main – l’ergonomie est excellente, et la console centrale n’a conservé que quelques boutons essentiels. L’habitabilité est généreuse, aussi bien à l’avant qu’à l’arrière, et les sièges cossus sont généreusement garnis (chauffants et ventilés en option). Les places arrière reçoivent le même traitement et chaque occupant peut bénéficier d’une prise de recharge USB 5V (en option). C’est que cette E-Pace (comme le reste de la gamme Jaguar) a finalement trouvé le chemin de l’hyperconnectivité. L’application Remote vous permet d’exécuter certaines commandes via votre smartphone depuis l’extérieur, comme verrouiller les portes, démarrer la climatisation ou encore actionner les feux de croisement (pour la retrouver dans un parking par exemple). En option, vous aurez entre autres un hotspot wifi 4G, la navigation Pro, un pack smartphone (l’infodivertissement reprend votre écran de smartphone), les applications Spotify, Tile et un ‘tracker’ pour justement traquer le véhicule après un vol. Dans la rubrique ‘pas content’, nous inscrirons les réverbérations perturbantes sur le parebrise et la quantité importante de plastiques durs utilisés sur et autour de la console centrale. Chose plutôt difficile à accepter dans l’habitacle d’une voiture dont le tarif peut atteindre les 75.000 €.

Sécurité

Haute sur pattes, lourde et robuste, la Jaguar E-Pace dégage une impression de sécurité. Elle a décroché cinq étoiles à l’issue des épreuves subies auprès de l’organisme indépendant EuroNCAP. Elle se voit attribuer une note de 86% pour la sécurité des adultes et 87% pour celle des enfants. Elle dispose d’un airbag piéton et d’un capot moteur rétractable et voit la note de sécurité des piétons grimper à 77%. Les aides à la conduite reçoivent une note de 72%. Elle dispose de série de l’ABS, de 6 airbags, des contrôles de stabilité-traction-freinage et d’une série d’assistant de sécurité. Mais tous ne sont pas de série, car il faut encore mettre la main au portefeuille pour bénéficier entre autres du régulateur de vitesse adaptatif avec fonction embouteillage, du freinage d’urgence à haute vitesse ou de l’avertisseur d’angle mort.

Conduite

Étonnamment dynamique, il est au-dessus des concurrents en termes de plaisir de conduite

La Jaguar E-Pace n’a pas la chance de reposer sur la nouvelle plateforme en aluminium qu’utilise la F-Pace. Elle partage son châssis avec le Range Rover Evoque (qui l’a lui-même héritée du Freelander II de Land Rover). Chose qui se ressent sur la balance, 1.894kg ! En revanche, cela ne se ressent pas du tout lorsque vous écrasez la pédale de droite. Du moins avec notre monture d’essai, la P300. Son deux litres quatre cylindres turbo à double entrée développe 300cv à 5.500tr/min pour un couple de 440Nm dès 1.200tr/min. Cette motorisation est disponible uniquement avec la boite automatique ZF à 9 rapports. Ce n’est pas la plus réactive des boites automatiques et elle n’apporte rien de spécial à l’agrément de conduite en comparaison avec une boite à six ou sept rapports. Avec la transmission aux quatre roues, le 0-100 est abattu en 6,4 secondes et la vitesse de pointe bloque à 243km/h. Un chrono acceptable compte tenu de la masse à mouvoir. Cela dit, les BMW X1 25i et Volvo XC40 T5 font aussi bien avec respectivement 65 et 53cv de moins… mais 314 et 210kg de moins également. L’E-Pace peut se montrer extrêmement souple et docile, mais répond virilement lorsque l’on sollicite la cavalerie. Il présente aussi un aspect contradictoire, dans le sens où bien qu’il soit haut perché, lourd et avare en sensation, il propose un comportement étonnamment dynamique qui le place au-dessus des concurrentes en termes de plaisir de conduite. Les 300cv sont parfaitement digérés par la transmission intégrale et la motricité, avec une répartition du couple qui peut aller jusqu’à 100% sur un seul essieu, est infaillible. A l’instar du reste de la gamme Jaguar, la direction est un vrai régal de précision et de consistance. Nous mettrons cependant un petit moins pour l’amortissement, trop ferme. Chose qui s’accentue forcément sur routes dégradées et que les jantes de 20’’ n’arrangent en rien. Son second point noir – et il fallait s’y attendre : la consommation. Elle revendique une consommation de 8l/100 en cycle mixte. C’est très bien, sur le papier et compte tenu du poids et de la puissance. Mais dans la pratique, nous avons enregistré, sans trop forcer, une moyenne de 14,7l/100 durant l’essai.

Conclusion

Pour son premier SUV compact, on peut dire que Jaguar a tapé juste. L’E-Pace a tout pour elle : agréable à regarder, plaisante à conduire (pour un SUV), confortable et connectée. Avec cette motorisation P300, elle compense son embonpoint par une belle brochette de purs-sangs et un dynamisme inégalé dans le segment. Ceci dit, son appétit et ses tarifs ‘haut de gamme’ redirigeront probablement les gros rouleurs vers les variantes diesel.


Ajouter un commentaire
comments by Disqus