A force de vouloir en vendre autant que l’originale (5,3 millions d’exemplaires entre 1959 et 2000) BMW n’a de cesse de continuer à décliner sa Mini à toutes les sauces. La petite dernière se rallonge encore pour accueillir deux portières supplémentaires. Il en devient presque ridicule de l’appeler Mini tant elle s’éloigne du concept original. Proposée en quatre finissions différentes ; Salt – Pepper – Chili – Wired, cette gamme Mini cinq portes se compose de trois modèles ; One – Cooper et Cooper S, disponibles aussi bien en diesel qu’en essence. Vous n’aurez pas de Mini 5 portes pour moins de 18.240 €. Il s’agit de la Mini One (en finition Salt), avec son bloc 3 cylindres cubant 1,2l forte de 102cv. Mais attention, la dotation de série est assez pauvre. Nous essayons la Cooper D en finition Chili qui représente la version intermédiaire de la gamme diesel. Mieux équipée en série avec entre autres les sièges sport cuir/tissu, le Driving Mode, les feux antibrouillard, les senseurs pluie et lumière, la clim auto et le volant sport en cuir, ce modèle revient de base à 22.790 €. Mais avec le pack Chili, le GPS professionnel, l’EDC (amortisseurs réglables), le toit ouvrant panoramique, l’assistant parking avant et arrière, les projecteurs avant LED, l’affichage tête haute et quelques gadgets supplémentaires, notre Cooper D 5 portes revient à 32.725 €. Ce n’est pas donné, on est d’accord. Et tout en haut, ce ne sont pas les 192cv de la Cooper S (26.190 €) qui coûtent le plus cher, mais bien les 170cv de la Copper SD, qui s’échangent contre (au minimum) 27.740 €.

Extérieur

Si vous précédez (ou suivez) cette Mini, rien ne vous semblera anormal. C’est légitime, puisque jusqu’au rétroviseur, elle est parfaitement identique à la version 3 portes. Vue de derrière, vous ne remarquerez pas non plus que le porte-à-faux a aussi été rallongé. Ce n’est qu’en vous mettant à ses côtés que vous remarquerez le changement des proportions et la portière supplémentaire. Vous avez compris, BMW a définitivement tordu le cou au mythe. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, certes, mais en attendant, l’équilibre des lignes n’est plus respecté. Elle repose sur la plateforme UKL qu’elle partage avec la BMW série 2 Active Tourer. Elle s’étend maintenant sur une longueur totale de 3,98m. A titre d’exemple, la Audi A1 Sportback fait 3,95m (3,82m pour la Mini 3 portes). Elle garde la même largeur avec 1,73m et gagne 1,3cm en hauteur avec un total de 1,43m (1,42m pour la 3 portes). Pour greffer les portières arrière, l’empattement a été rallongé de 72mm (et les portières avant ont été raccourcies). Le porte-à-faux arrière a grandi de 89mm, faisant passer le volume du coffre à 278 litres, soit une augmentation de 67l. Pour le reste, rien n’a bougé. Elle conserve les mêmes projecteurs à l’avant et les mêmes optiques à l’arrière cerclés de chrome. D’origine, elle est équipée de jantes de 16’’ autours desquelles sont montés des pneus de 175/60 (pneus neige dans notre cas).

“Il en devient presque ridicule de l’appeler Mini tant elle s’éloigne du concept original”

Intérieur

La croissance de cette Mini, si souvent critiquée, n’a heureusement pas que des points négatifs. Si les places avant n’offrent pas plus d’espace que dans la version 3 portes, c’est forcément la partie arrière qui profite de l’empattement allongé. D’une part elle est clairement plus pratique grâce à l’ajout des portières arrière et d’un autre côté, elle est bien plus accueillante. Pour commencer, elle gagne 6cm d’espace aux coudes. Ensuite, les grands gabarits s’y sentiront moins à l’étroit puisqu’ils bénéficieront de 1,5cm de plus en hauteur de tête. Ceci dit, l’imposant tunnel central et son porte-gobelets est vraiment gênant lorsqu’une troisième personne s’installe à l’arrière. Le confort de cette Mini varie en fonction du tarage de suspension que vous aurez sélectionné (Mid, Green, Sport) via la molette autour du levier de vitesse. Le plus rigide (et le moins confortable) étant le mode Sport bien entendu. Heureusement, les sièges sport (en option) offre un confort étonnant et un très bon maintien latéral. La position de conduite (une fois que vous l’aurez trouvée, pas facile) est excellente, mais l’espace aux coudes est toujours aussi restreint. L’ergonomie a du bon et du moins bon. D’abord, les quelques boutons sur la console centrale son bien placés et ce grand écran (en option et non tactil) de 8,8 pouces, est très lisible. L’info divertissement, la navigation, le téléphone, la radio et autres réglages qu’il renferme sont intuitifs, mais d’un autre côté et à cause de l’accoudoir central, la manipulation du touch pad (tout comme celle du frein à main) n’est pas simple. Nous finirons cependant sur une note positive que nous attribuons à la présentation, la finition et le choix des matériaux. A ce niveau, Mini a fait des progrès par rapport au modèle précédent.

Securité

La version 3 portes et même la Countryman ont passé les tests EuroNCAP, mais notre version 5 portes devra encore attendre. Quoi qu’il en soit, elle possède les mêmes équipements que ses sœurs : 6 airbags, ABS, ESP et DTC. Tous les assistants de sécurité ‘à la mode’ sont disponibles en options : l’avertisseur de collision (ville et autoroute), lecteur de panneaux de signalisation, assistant parking, régulateur de vitesse actif par vidéo et encore bien d’autres. Notez qu’en cas d’accident avec un piéton, le capot se relève grâce à des vérins hydrauliques, augmentant ainsi la surface de déformation et réduisant la force d’impact.

“Dynamiquement elle est parfaitement comparable à son homologue 3 portes”

Conduite

C’est avec une certaine appréhension que nous négocions le premier virage. Mais une fois sortis, nous poussons un gros ouf de soulagement. Elle conserve en effet la tenue de route qui la caractérise. De là (comme certains) à la comparer à un kart… Laissons ça à l’originale, les puristes confirmeront. Les 3 modes de suspension (en option) ne sont pas un gadget, ça marche ! La différence de confort et de dynamise varie réellement d’un mode à l’autre. Quel que ce soit le mode sélectionné, elle est amusante à conduire. Mais c’est le mode Sport qui logiquement est le plus dynamique (mais attention, c’est tape-cul) et le mode Green – le plus docile – par définition le moins polluant. Notre monture d’essai est équipée de pneus neige. Elle n’est donc pas aussi à l’aise dans les virages (ni dans les ronds-points), mais dans l’ensemble, on peut certainement la comparer à son homologue 3 portes. Pas de changement au niveau de la motorisation, le bloc 1,5l trois cylindres Twin Power d’origine BMW développe 116cv à 4.000tr/min pour un couple de 270Nm dès 1.750tr/min. Suffisant pour que cette Mini de 1190Kg boucle le 0 à 100 en 9,4 secondes. En gardant le pied au plancher, elle finira par inscrire 203km/h en vitesse de pointe. Souple et silencieux (on s’attendait à bien pire pour un trois cylindres), onctueux à bas régime, son agrément de conduite est réel. Il n’a rien à envier à son prédécesseur qui comptait un cylindre de plus. Elle est aussi à l’aise en ville que sur l’autoroute. On aime un peu moins la boîte à 6 rapports dont l’étagement tire franchement long et la direction, trop souple, qui ne remonte que très peu d’informations. Les pneus neige ne nous ont pas permis de mettre correctement le freinage à l’épreuve, car l’ABS s’enclenchait trop rapidement. Par contre, niveau mordant, il y a ce qu’il faut. Nous avons enregistré une consommation moyenne de 5,0l/100km, ce qui vu le poids et les performances offertes, nous semble plutôt honnête. Ce n’est finalement pas si loin de ce que revendique le constructeur dans des conditions optimales, à savoir 3,8l/100km ou 95g/km de CO2.

Conclusion

Avec cette ixième variante de la Mini, le constructeur anglo-germanique prend un risque en s’attaquant au phœnix de son propre mythe. La chance sourit aux audacieux, certes, mais il ne faut pas aller jusqu’à l’outrage. On n’en fera pas tout un fromage non plus, d’autant que pour ceux qui le souhaitent, la version 3 portes est toujours au catalogue. Heureusement, l’essence même est préservée. Amusante et même confortable, elle devient pratique de surcroît ! Par contre, les tarifs n’ont pas le même sens de l’humour.