Goodwood, fief de Rolls-Royce, dans la paisible campagne anglaise du Sussex, à deux heures de route au sud de Londres. Un écrin de verdure bourgeoisement douillet dont la quiétude est perturbée deux fois par, depuis plus de 30 ans, par la célébration de deux évènements majeurs du monde automobile : le Goodwood Festival of Speed et le Goodwood Revival.
En 1993, Charles Gordon-Lennox, 11e duc de Richmond, AKA Lord March, un aristocrate anglais à l’abri du besoin, passionné et collectionneur d’automobile, a lancé la première édition du Goodwood Revival. Le Festival of Speed fut créé dans la foulée. Un évènement se déroulant sur quatre jours qui rassemble désormais 150.000 visiteurs par jour en moyenne, soit un total de 600.000 passionnés d’automobile. Cet évènement regroupe toutes sortes de voitures et de motos. Des anciennes, des très anciennes, des modernes, des voitures de courses (F1, Nascar, Rallye, Rallye Raid, Endurance etc…), mais aussi des voitures de collection rarissimes dont la valeur dépasse souvent plusieurs dizaines de millions d’euros, comme la Mercedes-Benz W169R de 1954 de Fangio, vendue pour près de 30 millions de dollars durant la vente aux enchères du Goodwood FOS de 2013.
Mais bien que passionné de belle mécanique, il lui était devenu impossible de faire l’impasse sur les technologies du futur. Aussi, comment ne pas laisser une place, si petite soit-elle, au segment qui fait couler tant d’encre depuis plus d’une décennie: la voiture électrique. Et c’est là que Hyundai entre en scène.
Tout comme ce fut le cas il y a deux ans pour la Ioniq 5 N, le Goodwood Festival of Speed vient d’être le théâtre de la présentation de la nouvelle bombe électrique coréenne : la Hyundai Ioniq 6 N. Au fil du temps, cette grand-messe du monde automobile a commencé à marcher sur les platebandes des salons automobiles internationaux, qui ne semblent plus à la hauteur des attentes des constructeurs.
Goodwood suscite un engouement naturel, dans une ambiance mêlant la passion au business et au marketing. Il propose également des présentations dynamiques, du spectacle, des ‘people’ et dégage une image de modernité à laquelle veulent être associées différentes marques automobiles. Là encore, c’est un aspect que les salons classiques ne parviennent plus à offrir.
Il y a donc aussi des voitures silencieuses à Goodwood depuis quelques années. Certaines d’entre elles sont vraiment capable de faire partir les pneus en fumée, comme la Hyundai Ioniq 6 N, qui fait l’objet de notre article. D’autres, comme la McMurtry Speirling, toujours une électrique, vont même jusqu’à pulvériser le record de la fameuse course de côte du dimanche. C’est arrivé en 2022, avec un chrono de 39,08 secondes.
Performances de supercar
Revenons à la Ioniq 6 N. Si son look n’a pas toujours fait l’unanimité, les chiffres qu’enregistre la nouvelle version N ont mis tout le monde d’accord. Ce sont des performances de supercar exotique. Elle y parvient grâce à une puissance cumulée de 650 ch (610 + 40 avec le N Grin Boost) et 770 Nm de couple. Le à 0 à 100 km/h départ arrêté est abattu en 3,2 secondes (contre 5,1 s pour le modèle classique le plus rapide à traction intégrale) pour une vitesse maxi de 257 km/h. Mais en plus de ses capacités à tenir le pavé et à tourner sérieusement sur circuit, cette Ioniq 6 N se veut utilisable au quotidien. Pas trop compliqué cela dit pour une voiture électrique !
Modifications esthétiques
Comme cité plus haut, son look n’a jamais fait l’unanimité. Pourtant, la ligne générale du nouveau modèle reste pratiquement identique. Seule la face avant change. Du moins au niveau des phares. Les anciens blocs optiques, relativement génériques, disparaissent. Les phares sont désormais dissimulés dans le bouclier avant alors qu’une nouvelle signature lumineuse à LED affine le museau, laissant croire qu’il s’agit des projecteurs principaux, alors que ce n’est pas le cas.
Pour accentuer l’aspect brutal et sportif de l’Ioniq 6 N, les Coréens ont habillé l’avant d’un bouclier relativement agressif, avec des conduits d’aération servant à plaquer l’avant au sol et à refroidir les disques de frein. Un spoiler imposant vient coiffer la partie arrière, dont le bouclier a été teint en noir. Pour finir, une bonne partie du bas de la voiture a été souligné d’une bande rouge. Il existe désormais un programme ‘N Performance parts’, dans lequel on retrouve, entre autres, un spoiler encore plus grand, en col de cygne, et oui, comme sur une certaine GT3 RS ! Elle compte également de nouvelles teintes de carrosserie, comme le Performance Blue Pearl, qui lui est spécifique. Au rayon exclusivité, elle reçoit des jantes forgées de 20’’, montées sur des pneus Pirelli P Zero 5, développés spécialement pour elle.
Promis, il y aura du fun au programme
Le PDG de Hyundai, José Muñoz, promet plus d’efficacité sur circuit, mais également en dehors, grâce aux innovations techniques et notamment une géométrie de suspension et un châssis entièrement redessinés, le système N e-shift (changements de rapports virtuels) amélioré, un meilleur son virtuel (pour ceux qui veulent vraiment en entendre parler) et une nouvelle suspension contrôlée électroniquement permettant différent niveaux de rigidité. Pour le fun, nous retrouvons le N launch control, le mode drift N, le N Grin Boost (40 ch de plus pendant 10 secondes) et le N Torque distribution, tous déjà disponibles sur la Ioniq 5.
Elle monte un batterie de 84 kWh, qui peut être connectée à des bornes de 350 Kw, bien qu’elle ne puisse pas charger à plus de 268 kW. Elle peut recharger de 10 à 80 % en 18 minutes, théoriquement. Mais le poids, le prix et surtout l’autonomie n’ont pas encore été communiqués. Nous pouvons cependant nous baser sur l’autonomie de la Ioniq 5 N qui utilise la même batterie de 84 kWh et offre une autonomie de 448 km selon le cycle WLTP. Comptez donc quelques kilomètres de plus pour la Ioniq 6, dont la coefficient de trainée est meilleur. Nous en saurons plus lors de la commercialisation, attendue pour la dernière partie de cette année.