Plus la vitesse est faible, mieux se porte l'environnement, entend-on parfois. Mais qu'en est-il réellement ? Une étude française rejette cette théorie et démontre qu'avec une voiture de tourisme, il est préférable de rouler à 70 km/h plutôt qu'à 30 km/h.
Les automobilistes sont de plus en plus souvent contraints de rouler plus lentement sur les routes belges, sous prétexte d'améliorer la sécurité et de diminuer la pollution atmosphérique. La plupart des zones à 70km/h sont retombées à 50km/h et celles de 50 ont été ramenées à 30km/h. Une étude réalisée par le Cerema à la demande du gouvernement français a démontré que ces mesures de restriction de la circulation ont peu d'effet sur l'environnement. Le Cerema (pour Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) est un établissement public de recherche, donc pas n'importe qui. Les résultats sont une surprise désagréable pour de nombreux décideurs et partisans de la zone 30.
Sur quoi porte l'étude ?
“Une voiture de tourisme moyenne produit les émissions les plus faibles à une vitesse d'environ 70 km/h”Afin de prendre de meilleures décisions en matière d'infrastructures et de transports, le gouvernement français a jugé intéressant de savoir quels facteurs ont un impact direct sur les émissions du trafic. Il s'agit plus précisément des émissions d'oxydes d'azote (NOx), de particules fines (jusqu'à 10 µm de diamètre) et des gaz à effet de serre que sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O).
Pour ce faire, le Cerema a comparé trois types de véhicules : les voitures particulières, les véhicules utilitaires légers et les véhicules utilitaires lourds. Ils ont systématiquement examiné les émissions en grammes sur un parcours d'un kilomètre. Afin d'obtenir une vue représentative pour l'année 2020 et de faire quelques prévisions pour 2050 par la même occasion, ils ont pris en compte la composition du parc automobile (français bien entendu) ainsi que le type de carburant, l'âge etc…
La vitesse est cruciale
Les chercheurs se sont concentrés sur le lien entre la vitesse et les émissions. La vitesse demeure en effet le facteur décisif ... mais pas graduellement, comme le pensent certains. La consommation, le relief des itinéraires, le poids du chargement (pour les véhicules utilitaires) et le nombre de démarrages à froid ont également un impact important sur les émissions, selon le Cerema.
C'est mieux à 70 km/h qu'à 30 km/h
Les oxydes d'azote (NOx) montrent d'emblée que "plus lent" ne signifie pas nécessairement "plus écologique". Selon cette étude, les émissions d'une voiture de tourisme moyenne sont les plus faibles à une vitesse d'environ 70 km/h et les plus élevées à 130 km/h (la limite sur les autoroutes françaises). À 30 km/h, les émissions de NOx sont 35 % plus élevées qu'à 70 km/h et à 10 km/h, elles sont même deux fois plus élevées que le minimum. L'évolution du parc automobile devrait entraîner une stabilisation de ces différences dans les années à venir.
“Rouler lentement est aussi polluant que rouler à des vitesses beaucoup plus élevées”La courbe des particules a la même forme en U que celle des oxydes d'azote. Les émissions d'une voiture de tourisme sont les plus faibles lorsque la vitesse se stabilise à environ 70 km/h et les plus élevées à des vitesses élevées et faibles. Les graphiques relatifs à la consommation et aux gaz à effet de serre (principalement le CO2, qui dépend donc de la consommation) montrent une tendance similaire. Une voiture de tourisme atteint son minimum vers 70 km/h, qui tombera à 60 km/h d'ici 2040.
Les chercheurs concluent que la vitesse moyenne optimale pour les voitures de tourisme est de 70 km/h et de 60 km/h pour les véhicules utilitaires. Rouler lentement (10 à 20 km/h) est tout aussi polluant que rouler à des vitesses beaucoup plus élevées (100 à 110 km/h). Ceux qui se soucient sincèrement de l'environnement ne devraient donc pas rouler à 30 km/h ou forcer d'autres à le faire...