Auto Union Wanderer Stromlinie Spezial

Auto Union Wanderer Stromlinie Spezial
Voir 38 photos
Par: BV 09-10-2004
Dans la seconde moitié des années '30, la fascination pour le Sport Automobile dépassa souvent celle que déclenche la F1 aujourd'hui. Dès 1934, Auto Union lance les inoubliables et phénoménales «flèches d'argent » conçues par Ferdinand Porsche qui domineront pendant 6 ans les grands prix avec leurs “archi-rivales” Mercedes. Issu en mars1932 de l'association des quatre marques Audi, DKW, Horch et Wanderer, le Groupe Auto Union devient alors le constructeur d'automobiles le plus important d'Allemagne et le constructeur de motos le plus important au monde. Il est établi à Zwickau et Chemnitz, en plein bassin industriel de la Saxe, au pied des Monts Métallifères, à moins de 100 km à l'ouest de Dresde.

Porté par ses succès, Auto Union veut être présent sur tous les fronts des sports motorisés et choisit ainsi de participer en 1938 au plus exigeant des rallyes européens : le Marathon de la Route ou Rallye Liège-Rome-Liège : 4.700 km avec de nombreux détours dans les Alpes et les Dolomites, 100 heures de conduite quasiment non-stop. Pour répondre à ces exigences, le service de compétition construit en quelques semaines un prototype original en 3 exemplaires.

Sur le châssis de la petite Wanderer W24 à 4 cylindres, les ingénieurs monteront le moteur 2 litres à 6 cylindres et soupapes en tête de l'Audi Front. Ce moteur très moderne conçu en 1932 par Ferdinand Porsche dispose d'un bloc en aluminium coiffé d'une culasse en fonte. Pour l'occasion il sera équipé de 3 carburateurs Solex simple corps et développe alors environ 70 CV. L'auto sera habillée d'une carrosserie roadster 2 places très aérodynamique et ultralégère en aluminium. Elle pèse à peine 900 kg et sa carrosserie très profilée lui fait flirter avec les 160 km/h.

Au Liège-Rome-Liège de 1938, l'une d'elles devra abandonner à cause d'un problème mineur alors qu'elle est en tête ij à 30 kilomètres de l'arrivée ! En 1939, l'équipe Auto Union place 2 de ses voitures 4èmes ex-aequo et l'autre 12ème. Elle remporte ainsi la Coupe des Constructeurs pour la meilleure performance d'ensemble. À peine plus d'un tiers des inscrits termineront l'épreuve. Ce seront apparemment les deux seuls rallyes auxquels elles participeront.

À la fin de la guerre, ces voitures disparaîtront comme tant de joyaux techniques qui auront la malchance de se trouver du côté Est de ce qui deviendra rapidement le rideau de fer. Des Wanderer Stromlinie Spezial, il ne subsistera que des photos et le récit un peu oublié de leurs exploits.

Jusqu'au jour où le châssis et les essieux d'une Wanderer W24 sont trouvés dans une brocante par un ami de D'Ieteren. L'idée germe alors chez l'importateur d'Audi en Belgique de reconstituer cette voiture de légende avec des pièces mécaniques d'origine que l'on habillera d'une carrosserie à l'identique. Une telle voiture ne méritait-elle pas de revivre en trois dimensions pour le plaisir des yeux ij et des oreilles des amateurs.

Cette idée est exposée au constructeur Audi à Ingolstadt et suscite à tel point l'enthousiasme des responsables de «Audi Tradition» et de son superbe «museummobile» qu'ils veulent tout simplement ajouter 2 exemplaires à celui de la Maison D'Ieteren afin de reconstituer l'équipe des 3 voitures et participer ainsi, 66 ans plus tard, au Liège-Rome-Liège devenu entre-temps, depuis 1991, un rallye de régularité pour voitures anciennes.

Hormis pour sa carrosserie reconstituée sur la base de nombreuses photos - il n'y eut à l'époque aucun plan de cette voiture ! -, la voiture de D'Ieteren a fait appel presqu'exclusivement à des pièces originales. Seules exceptions : les engrenages de la boîte de vitesses, la pipe d'admission, introuvable, et une paire de ventilateurs électriques pour faire face aux embouteillages d'aujourd'hui. Après deux ans et demi de recherches tous azimuts et d'un travail acharné chez Werner Zinke en Saxe, leur pays d'origine, les voitures sont prêtes, testées et mises au point méticuleusement.

À peine rôdées, elles firent sensation au départ du Liège-Rome-Liège en 2004. 6 jours plus tard, celle de D'Ieteren termine 9ème au classement général et deuxième des voitures d'avant la guerre. Ironie du sort, l'une des deux autres Wanderer devra abandonner à 50 km de Rome. Comme quoi, l'histoire est un éternel recommencement...

Ajouter un commentaire
comments by Disqus