Nous connaissons Bowler comme l’entreprise britannique qui construit aussi la Wildcat. Une voiture devenue très célèbre auprès du grand public lorsque Richard Hammond dans Top Gear se retournait les tripes à chaque secousse, se prenant pour Dieu. Et dans le milieu des rallyes – plus particulièrement chez les gens qui font des courses sur pistes – les produits du constructeur sont plus populaires grâce à leur robustesse et à leur rapidité. Le plus connu d’entre eux est le rallye du Dakar, et l’entreprise n’est pas uniquement le fournisseur de bien des teams privés. La plupart des Bowlers atteignent l’arrivée, et c’est ce qui compte finalement.
Mais les centaines de milliers d’euros nécessaires pour s’offrir les meilleurs produits de la marque et les participations aux évènements exotiques, ne sont déboursables que par un petit groupe de personnes. Et malgré tout, le pas vers une course de 18.000km à travers l’Amérique Latine qui est une torture pour l’Homme et la machine paraît bien grand à franchir. Bowler a lâché ses atouts de façon à casser la grande compétition et permettre à un plus large public de profiter des évènements. Il est évident que Land Rover était crucial dans la solution. Bowler se basait déjà plus ou moins sur un des produits de la marque. Mais la solution, qui pour certains paraissait évidente, a été trouvée. Chez l’archaïque, parfois même agriculturale, Defender. Un modèle adulé pour ses capacités en tout terrain, c’est vrai, mais même la personne la plus optimiste du monde ne l’aurait jamais nommé ‘rapide’.
Presque 'd’origine'
Contrairement à ce à quoi Bowler nous avait habitués, l’entreprise ne transforme pas complètement le Defender. Cela ferait dérailler complètement le prix. Et soyons honnêtes, avec ses 50.000 pound, ce Defender Bowler est devenu encore 20.000 pound plus cher que le modèle catalogue avec lequel vous tracter votre remorque à chevaux. La liste des modifications est longue bien entendu. Avec une toute nouvelle suspension et une cure de jouvence du moteur pour grimper à 170cv et 450Nm, un arceau de sécurité, des jantes de 18 pouces montées en pneus Kumho. Mais ce qui se révèle le plus excitant, c’est ce que Bowler n’a pas modifié. La boîte de vitesse reçoit bien un autre levier et vous retrouverez un petit volant sport en face de vous, mais la transmission (y compris ponts et différentiels) et la direction sont tout à fait de série. Ce qui est aussi valable pour la carrosserie.
Defender Bowler
- Chaque Defender peut être modifié
- Pris de la transformation? Un bon £ 20.000
- Moteur gonflé à 170cv et 450Nm
- Boîte de vitesse à six rapports et différentiels de série, mais ils sont indestructibles!
Le Defender subit donc une transformation, mais furtive, car la direction et la suspension ne sont pas toujours précises. Ce n’est pas sur une ligne droite en asphalte que le Defender va exceller – ce n’est pas non plus ce que Bowler veut partager avec ses participants. S’emparer des mauvais terrains de façon impressionnante – oui, là on se rapproche de la vérité. Il en va de même pour le Defender Bowler. Fini le limiteur installé d’usine ou l’isolation acoustique. Ce qui signifie que vous atteindrez une vitesse de 110mph (180km/h !) dans un grondement assourdissant, même sur un chemin qui n’en n’est pas vraiment un. Heureusement bien harnaché par une ceinture à 4 points, sans quoi vous finirez bien secoués. Le très court (pas plus long qu’une VW Golf) offroader reste à peine en contact avec le sol, mais demeure étonnamment contrôlable. Et encore plus impressionnant. Essieux standard, bras de suspension, transmission, moteur…vous souvenez vous?
Harnais quatre points
Se boucler solidement ne sera pas un luxe. Le grand confort n’était pas une priorité sur le cahier des charges.
Nous plaçons ce modèle sur une surface que nous pourrions qualifier d’argile gras. Grêlé, pour utiliser un euphémisme, et avec un grip et un niveau de traction aussi prévisible qu’un tirage du lotto. Mais ce n’est pas un problème. Et c’est pour ça que le Defender de série n’est pas aussi sacrément rapide que le matériel de rallye ici présent. Même sans précision chirurgicale ou réactions surnaturelles, il faut bien tenir le Defender en laisse. Avec le poids de son train avant, il vous faudra freiner en entrant dans les virages si vous ne voulez pas vous perdre désespérément en sous-virage. Mais une fois le train avant bien ancré, le Defender avec à peine 170cv se fera un plaisir de vous gratifier de drift tout le long des virages. Il semble aller au ralenti. Bien sûr, l’excès de confiance se paye cash, la preuve est visible le long de certaines parties du circuit, mais vous comprendrez pourquoi Bowler et Land Rover utilisent le terme ‘accessible’.
En plus des 50.000 £ cités plus haut pour le véhicule, chaque pilote de rallye-raid britannique devra débourser 14.000 pound pour prendre part à au moins 7 rallyes entre le début et la mi-novembre (sorte de série spéciale). Tous au Royaume-Uni – ce qui rendra bien entendu l’aventure moins attrayante pour les pilotes de nos régions. Mais les britanniques ambitionnent le lancement de programmes sur le continent européen. En Allemagne et en France, mais la Belgique a aussi été citée. Ils ont hâte, car le Defender entre en production vers la fin 2015. 65 ans que Land Rover construit ce modèle et voilà que ces deux dernières années, ils arrivent avec cette idée sur le tapis. So very British.