Dodge La Femme

Dodge La Femme
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Par: BV 29-09-2005
L’apparition de la Dodge La Femme en 1955 ne provoqua pas réellement l’émoi. Destinée aux ménagères de classe moyenne des années 50 assez aisées et suivant la mode, la Dodge La Femme ne connut jamais le succès. Au terme de l’année 56, avec moins d’un millier d’exemplaires produits, Dodge rangea même définitivement au placard le modèle La Femme.

Les constructeurs automobiles avaient déjà essayé auparavant de vendre des voitures aux femmes. Faisant suite en quelque sorte au concept-car dans le même esprit présenté par Chrysler l’année précédente lors d’un salon et bien accueilli par le public, la Dodge La Femme de 1955 devait être unique Ő il s’agissait de la première voiture de série conçue, produite et vendue spécialement pour les femmes. Et pourquoi pas ? Le monde était en pleine évolution. L’essence était bon marché. De plus en plus de familles américaines allaient habiter en périphérie et sillonnaient les routes traversant les états, toujours plus nombreuses. La notion de « famille à deux voitures » devenait une réalité. Et les femmes prenaient de plus en plus le volant.

Apparue au printemps 1955 avec un pack spécial d’accessoires et de finition pour la Custom Royal Lancer - le modèle deux portes haut de gamme de Dodge à l’époque - la Dodge La Femme possédait des attributs exceptionnels. Elle se caractérisait notamment par le nouveau style « Fashion Flair » de Dodge avec sa ligne plus basse et sa stature plus large. Les nombreux chromes garnissant les ailes et les moulures latérales ne manquaient pas d’attirer le regard alors que le nouveau design massif du pare-brise enveloppant évoquait les influences du « Jet Age ». Cette Dodge Lancer bénéficiait également d’un coloris exclusif, mêlant le Heather Rose et le Sapphire White, avec des couvre-moyeu de couleur rose et un monogramme « La Femme » doré garnissant les ailes avant. Comme son nom l’indique, la Dodge La Femme affichait une personnalité assurément féminine.

Au niveau de l’intérieur, les spécialistes du design et du marketing de Dodge avaient été plus loin encore pour offrir à la femme moderne des années 50 ce qu’elle désirait, ou du moins ce qu’ils pensaient qu’elle désirait, et la plonger dans une atmosphère sentant bon le luxe et la mode. Les sièges et les garnitures intérieures des portes étaient couverts d’un habillage en tissu épais flanqué de roses mêlant un coloris rose et argent, alors que les incrustations en vinyle étaient également garnies de rose. Tout en rondeurs, le tableau de bord mêlait le noir dans sa section supérieure et le rose dans sa partie inférieure, et intégrait notamment un nouveau levier de commande pour la transmission automatique PowerFlite équipant la Dodge La Femme. L’élégance intérieure était renforcée par la présence d’un monogramme La Femme plaqué or garnissant la boîte à gants et d’épais tapis bordeaux. Plus exclusif encore, la Dodge La Femme était dotée d’accessoires permettant à son utilisatrice de conserver un style authentique à tout instant.

S’il était bien un endroit dans lequel la Dodge La Femme de 1955 n’avait rien de féminin, c’était sous son capot. A l’instar de toutes les Custom Royal Lancer de l’époque, elle était dotée du moteur V8 Super Red Ram de 4400 cm³ développant 183 ch à 4.400 tr/min. Pour bénéficier de performances supérieures (193 ch) et d’un grondement plus dynamique, les utilisatrices pouvaient opter moyennant supplément pour la version « Super-powered Red Ram », dotée d’un carburateur quatre corps, d’un double échappement et de suspensions surbaissées.

Avec le recul, il est clair aujourd’hui que les spécialistes du marketing de l’époque avaient confondu la curiosité du public de salon pour un concept car féminin et un réel intérêt de la part des acheteurs. Dans sa volonté d’être la première voiture de série destinée aux femmes, la Dodge La Femme devenait une voiture que la plupart des femmes ne désiraient pas ou dont elles n’avaient pas besoin. Et pour ne rien arranger, la Dodge La Femme n’a été commercialisée qu’au printemps des années 1955 et 1956. La publicité et les annonces dans les magazines essayèrent de changer la donne, mais de nombreux consommateurs ne surent même jamais qu’il existait une voiture baptisée La Femme quand sa production fut arrêtée en 1956

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