C’est la même chanson à l’approche de chaque hiver. Le gouvernement belge qui, ces dernières années du moins, met en garde contre une pénurie d’électricité et des plans de fermetures en cas de catastrophe ou de pic de consommation, ne peut pas garantir que tout le monde sera livré en énergie électrique. Et cela, alors que l’Europe veut que nous conduisions tous des véhicules électriques à l’avenir. Est-ce que les deux vont de pair ? Eh bien non – selon une étude réalisée par des opérateurs de réseaux belges. Si nous devions tous à un moment donné rouler avec des voitures électriques, notre pays devrait donc construire huit autres centrales nucléaires.
Synegrid, la fédération des gestionnaires de réseaux, a fondé son étude sur deux scénarios mis au point par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Un scénario ‘high impact’ suppose que la voiture électrique remplacera la quasi-totalité des voitures à moteur conventionnel d’ici 2050 et qu’elles seront principalement chargées à domicile. D’ici 2030, 55% de la flotte belge devrait rouler à l’électricité. A l’horizon 2050, il sera question de 90%. Une alternative, le scénario ‘low impact’, calcule que la moitié des Belges rechargeront leur VE au travail, 40% à la maison et les 10% restants, sur la route.
8 centrales nucléaires supplémentaires pour les voitures électriques
Dans le cas du premier scénario, Synegrid a calculé que la puissance requise par temps froid devrait passer de 13 à 21 gigawatts. Pour compenser cela, la Belgique aurait besoin d’au moins 8 réacteurs nucléaires supplémentaires. Les gestionnaires de réseaux considèrent cette estimation ‘’improbable, mais pas impossible’’. Autrement, le scénario à faible impacte ne nécessiterait ‘que’ 2 gigawatts de capacité supplémentaire.
“la différence entre la théorique et la pratique est énorme”Compte tenu des résultats, il est étonnant de constater que les gestionnaires de réseaux concluent qu’il n’est nullement nécessaire d’envisager des investissements supplémentaires dans le réseau. Les périodes de fortes sollicitations peuvent être atténuées en échelonnant le temps de recharge des conducteurs. Cette théorie est utilisée depuis des années dans les discussions sur la mobilité : le réseau routier peut gérer les déplacements, mais ils doivent être répartis. C’est là où se creuse le fossé de différence entre la théorie et la pratique.
Compteurs électriques intelligents
Le nouveau compteur électrique digital, cité comme un facteur réglementaire, devrait pouvoir éviter ces pics de recharge. Nous avions déjà annoncé sur auto55.be que ce nouveau compteur digital serait utilisé pour faciliter la taxation de l’électricité des voitures électriques dans le futur. Après tout, il faudra bien compenser le manque à gagner, chiffré en milliards d’euros d’accises et de TVA sur le diesel et l’essence. Il ne sera donc plus possible de recharger une voiture à certaines heures pour tirer profit d’un compteur bi-horaire par exemple.
Les voitures doivent faire partie de la solution
Il a aussi été supposé que dans un futur proche, les voitures électriques pourraient conserver de l’énergie dans leur batterie et la réinjecter dans le réseau électrique durant les pics de consommation. Certaines marques automobiles expérimentent déjà ce genre de système. La possibilité d’utilisation à grande échelle n’a cependant pas encore été démontrée.