L'Europe travaille déjà sur une nouvelle norme d'émissions. Les exigences de cette norme d'émissions Euro 7 doivent être approuvées cette année. L'Union européenne souhaite en effet qu'elle entre en vigueur en 2025, ce qui donne quatre années complètes (soit l'équivalant d'un demi-cycle de produit) à l'industrie automobile pour y répondre.
La nouvelle norme d'émissions complique la vie des voitures électriques
Il est évident que les moteurs à essence et diesel ne pourront bientôt plus compter sur la moindre indulgence. Alors que les premiers détails se précisent, certaines marques annoncent déjà qu'elles n'investiront plus dans les moteurs à combustion interne pour l'Europe. De surcroît, la norme d'émission actuelle (Euro 6) est déjà si stricte que les moteurs qui seront bientôt interdits sur notre Vieux Continent pourront encore être commercialisés sur d'autres continents pendant des années, voire des décennies, sans aucun problème. Mais il n'en reste pas moins que la norme Euro 7 risque de rendre les choses difficiles pour les voitures électriques également.
Une norme d'émission est limitée aux émissions locales. Il n'est pas tenu compte de la pollution causée par la production d'une voiture ou de l'impact environnemental de la production d'électricité. Mais l'Europe a désormais compris que la pollution que génère une voiture ne se limite pas à celle qui sort de l'échappement. La norme d'émissions Euro 6 comprend déjà des conditions strictes qui limitent l'évacuation des vapeurs d'essence et d'autres vapeurs (gaz de climatisation, par exemple). Avec la norme d'émission Euro 7, c'est la production totale des particules qui se trouve sur la table. Et c'est là que réside le défi pour la voiture électrique.
Une voiture électrique émet beaucoup de particules
Les voitures modernes n'émettent pratiquement pas de particules à l'échappement. Les deux principales sources de particules (particules fines, ne résultants dans ce cas pas nécessairement d'un processus de combustion) d'une voiture moderne sont les freins et les pneus. Deux facteurs qui ne sont pas inclus dans la norme Euro actuelle, mais qui sont à l'ordre du jour de la norme EU7. Des points sur lesquels les VE obtiennent de bien moins bons résultats qu'une voiture à moteur conventionnel, selon diverses études indépendantes réalisées en autres par l'ADAC, Emission Analytics (en Anglais uniquement) ou encore l'Université d'Édimbourg.
Après tout, les mesures montrent qu'une voiture électrique produit plus de particules fines qu'une voiture moderne conventionnelle. Pour la même raison, il est peu probable que l'interdiction des voitures thermiques actuelles au profit des voitures électriques dans les zones à faibles émissions, par exemple, entraîne une diminution des concentrations de particules fines, même si l'origine, et donc la composition, seront différentes.
Alors d'où viennent ces particules ? Ça ne vient pas du moteur, c'est évident. En partie des freins, certes, mais dans une très faible mesure. Les voitures électriques ralentissent (en partie) grâce à leur système de régénération et utilisent donc les freins avec parcimonie. Le problème de la génération actuelle de VE se situe au niveau des pneus. Les contraintes que ces derniers endurent sont plus importantes lorsqu'ils sont chaussés sur des voitures électriques. Il s'agit de deux facteurs prépondérants. D'une part, il y a le couple délivré par les moteurs électriques. Il est disponible instantanément. C'est un avantage indéniable pour le plaisir de conduire, mais cela augmente la friction - et donc l'usure - du pneu. D'autre part, au moins aussi importante, il y a également le problème du poids dont souffrent généralement les voitures électriques. Les VE disposants d'une autonomie importante pèsent parfois jusqu'à 700kg de plus qu'une voiture similaire équipée d'un moteur conventionnel. Cette augmentation de la masse induit inévitablement des forces plus importantes que le pneu doit absorber, mais ce pneu doit également avoir des caractéristiques de rigidité plus importantes pour compenser cette masse. Toute cette usure des pneus se traduit par la libération de particules fines.
La voiture électrique bénéficiera-t-elle d'une exemption ?
Une restriction est bel et bien sur la table, malgré la pression importante exercée frénétiquement par les groupes pro-VE afin que la voiture électrique bénéficie d'un laissez-passer, ou du moins d'une plus grande tolérance en matière d'émissions de particules ne provenant pas du moteur. Si cette restriction voit le jour, elle pourrait avoir un impact majeur sur ce à quoi ressemblera la voiture électrique du futur (du moins en Europe).
La production d'une voiture électrique est plus coûteuse que celle d'une voiture classique. Les constructeurs automobiles tentent de réconcilier les consommateurs avec ce prix plus élevé en proposant des VE dont les performances tendent à être plus intéressantes. Le coût supplémentaire pour le constructeur reste limité, tandis que le client ouvre volontiers son portefeuille pour une voiture plus performante. Que serait une Tesla sans ses outrageants temps d'accélération... Le second point crucial est l'autonomie. Elle doit devenir de plus en plus importante, avec des batteries de plus en plus grandes. Plus l'autonomie d'une voiture électrique est importante, plus elle devient flexible (pour les déplacements, par exemple). Et ce sont précisément ces deux évolutions qui deviennent un problème lorsque l'Europe introduit un seuil global de particules.
L'Europe veut des voitures électriques lentes à l'autonomie limitée
Un seuil d'émission strict pour les particules fines obligera les constructeurs automobiles à fabriquer des voitures électriques qui économisent aussi bien les pneus que les freins. La seule manière d'y parvenir est de les rendre plus légères et moins performantes. En d'autres termes : L'Europe veut bien de la voiture électrique, mais elle n'a pas besoin d'être aussi performante, ni capable de parcourir autant de kilomètres. La décision finale sera prise cette année.