Les choses ne s’arrangent pas dans le secteur automobile. D'abord, les usines se sont tues à cause de la crise sanitaire due à la Covid-19. Cela a apparemment entraîné une pénurie soudaine et difficile à résoudre de semi-conducteurs et, ces derniers mois, la guerre en Ukraine a pu être tenue pour responsable de certaines pénuries supplémentaires. Résultat : l'industrie automobile ne peut pas construire suffisamment de voitures. La nouvelle est pire pour les clients que pour les constructeurs automobiles, qui n'ont guère de mal à maintenir leurs confortables marges.
D'un problème à l'autre
Comme c'est souvent le cas, le secteur s'est révélé être mal inspiré par la pénurie des semi-conducteurs. “Nous allons réparer cela en un rien de temps” s'est rapidement transformé en “cela pourrait ne pas s'améliorer avant 2023”. Les acteurs du secteur sont désormais plus nombreux à penser que la pénurie de puces n'est que le début de toutes les misères. Le patron de Rivian, une start-up spécialisée dans les véhicules électriques qui construira des pick-up géants et qui est soutenue par Ford et d'autres, tire déjà la sonnette d'alarme. R.J. Scaringe a confié au Wall Street Journal que “la pénurie de semi-conducteurs n'est qu'un avant-goût de ce qui attend le monde”. Une broutille par rapport à ce que l'appétit pour les batteries des voitures électriques engendrera.
Un passage obligatoire trop rapide à la conduite électrique ne fera qu'aggraver les problèmes
Le lithium a déjà été rebaptisé “l’or blanc”. M. Scaringe estime que la conversion de millions de véhicules à moteurs thermiques vers des voitures électriques plongera l'industrie et le monde dans le chaos pendant des décennies. Il s'appuie pour cela sur des mathématiques simples. À l'échelle mondiale, à peine trois pour cent de toutes les nouvelles voitures vendues aujourd'hui sont électriques, tandis que cinq pour cent sont hybrides. Un chiffre relativement faible qui fait néanmoins exploser les prix des matières premières. Depuis 2015, la demande de lithium a augmenté de 37 % chaque année. Le Wall Street Journal prévoit une augmentation de cinquante pour cent cette année. Le patron de Rivian est très clair : “90 à 95 % de la chaîne d'approvisionnement pour une flotte entièrement électrique n'existe tout simplement pas”. Et “l’obligation contre nature” qui voudrait que les consommateurs se convertissent rapidement ne fait qu'aggraver le problème.
La planète peut-elle supporter ça ?
“L'industrie des batteries ne peut tout simplement pas faire face à la demande et il n'est pas certain que la terre le puisse davantage”. Afin de répondre à la demande de matières premières, il faudra déterrer des minéraux et des matières premières, ce qui n’est pas plus rassurant. M. Scaringe conclut : “La plupart des gens comprennent qu'il n'est pas acceptable de faire exploser une montagne pour en extraire du charbon. Eh bien, faire exploser une montagne pour extraire du lithium est tout aussi mal”. Des déclarations frappantes de la part du patron d'une marque de VE.
M. Scaringe est le dernier PDG en date à exprimer son inquiétude face à la conversion trop rapide vers les voitures électriques. Le patron de Stellantis, M. Tavares, a récemment déclaré que l'Europe pouvait dire adieu à la mobilité abordable si l'obligation relative aux véhicules électriques se maintenait, et le patron de BMW, M. Zipse, a souligné l'énorme dépendance à l'égard de la Chine si ce scénario n'était pas révisé.