Il y a quelques années, c'était monnaie courante : les gouvernements de tous bords se bousculaient pour annoncer l'interdiction de la vente des moteurs à combustion interne. Plus c'est radical et plus c'est rapide, mieux c'est. L'Europe finira par les interdire d'ici à 2035, bien que le texte comporte des moments de révision et des échappatoires. Le Royaume-Uni comptait faire encore mieux. Les voitures électriques devaient y être obligatoires dès 2030. Mais ce projet est désormais reporté.
Un sursis de cinq ans parce qu'on ne peut pas aller plus vite
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé un sursis de cinq ans. La raison en est simple : cela ne fonctionne pas. "Les consommateurs et les infrastructures de recharge ont besoin de plus de temps pour évoluer", semble-t-il. En même temps, la Grande-Bretagne souhaite renforcer sa propre industrie automobile. En effet, elle risque de devenir totalement dépendante de l'approvisionnement en composants essentiels et en matières premières en provenance de Chine.
Selon les chiffres d'un rapport de l'Union européenne publié cet été, la Chine contrôle 76 % de toutes les matières premières nécessaires à la production de voitures électriques. En outre, il apparaît de plus en plus clairement que ce pays aide son industrie automobile en lui accordant d'importantes subventions afin de proposer des produits en Europe à des prix que les marques automobiles européennes ne peuvent pas concurrencer. La Commission européenne a récemment annoncé une enquête approfondie sur ces pratiques.
Ne pas devenir dépendant de la Chine
En déclarant que l'industrie automobile britannique "ne doit pas devenir dépendante de la Chine" et en annonçant un report de cinq ans de l'interdiction de vente des voitures à moteur à combustion interne, la Grande-Bretagne aligne ses politiques sur celles de l'Europe. Les marques automobiles qui ont déjà investi massivement dans les produits électriques réagissent avec mécontentement à cette décision. Elles préfèrent ne pas donner aux consommateurs le choix entre plusieurs groupes motopropulseurs. Ford, qui a de moins en moins son mot à dire en Europe mais qui fonde de grands espoirs sur les modèles électriques basés sur la technologie Volkswagen, a réagi avec mécontentement : "Nous avons besoin de trois éléments de la part du gouvernement britannique : l'ambition, l'engagement et la cohérence".