Essai Audi Q3 Sportback 45 TFSI quattro

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Par: VG 28-04-2020

Les constructeurs n'ont pratiquement plus de place au catalogue pour de nouveaux modèles SUV. Ils déclinent donc les modèles existants en version coupé, question de leur donner un petit coup de jeune et de ratisser un peu plus large. BMW l'a en partie fait avec le X2, mais surtout avec les X4 et X6. L'autre éternel concurrent, Mercedes, propose les GLC et GLE Coupé. Audi s'est lancé en dernier dans ces segments. Dans un premier temps avec le grand Q8 et ensuite, fin 2019 avec ce Q3 Sportback, dérivé du Q3 classique, présenté en 2018.

Le petit coup de bistouri porté sur la partie arrière est facturé 250 €. La Q3 Sportback débute à 34.580 € (contre 34.330 € pour la Q3 classique d'entrée de gamme). A ce prix-là, vous aurez un moteur essence de 1,5l et 150cv (35 TFSI), couplé à une boite manuelle à six rapports. La dotation de série comprend déjà des jantes de 18 pouces, des phares LED, le digital cockpit et certains assistants de sécurité (démarrage en côte, Audi pre sense, lane assist et side assist), entre autres. Viennent ensuite les versions 40 et 45 TFSI, de 190 à 230cv, contre respectivement 42.600 et 46.700 €. Ceux qui préfèrent le diesel auront le choix entre la 35 TDI de 150cv et la 40 TDI quattro S tronic de 190cv. Le ticket d'entrée varie de 38.600 à 44.180 €. Au sommet de la gamme trône bruyamment la méchante RS Q3 Sportback et son 2,5l de 5 cylindres développant 400cv et 480Nm de couple. Cette dernière réclame la signature d'un chèque de très précisément 65.220,01€. Oui, c'est beaucoup, mais c'est toujours 4.000 € de moins que notre modèle d'essai – 45 TFSI quattro – une fois équipé du pack S Line, du pack Platinum, des jantes de 19'', d'une suspension réglable, des projecteurs de phares LED Matrix, de la hi-fi B&O et de bien d'autres encore. Un total de 69.120 €…

Extérieur

Elle revendique son côté SUV familiale tendance et performant, plutôt que sportif

Relativement discrète, la première Q3 apparue en 2011, reliftée en 2015, a été remplacée en 2018 par une seconde génération au design plus osé. Cette variante Sportback, qui repose bien entendu sur la même plateforme, est 2cm plus longue (4,50m), 2cm plus étroite (1,84m) et surtout 5cm plus basse (1,57m) qu'une Q3 classique. Elle en reprend logiquement le nouveau design, avec une face avant plutôt agressive, composée de nouveaux projecteurs de phares étirés, d'une calandre proéminente et de 'fausses' prises d'air en plastique imitant de l'alu mat. Les ailes bien marquées sur les flancs lui confèrent une ligne plus musculeuse et sportive. La grande différence avec son homologue SUV se situe à l'arrière. La ligne de toit est plus fuyante et le montant C est fort incliné, comme un 'coupé'. Un coup de crayon qui lui donne un aspect bien plus dynamique que la version classique. Les proportions restent malgré tout équilibrées, ce qui n'est pas toujours le cas chez les concurrents. La partie arrière comprend également un pseudo diffuseur, mais ne présente aucun embout d'échappement ! Quelque peu décevant pour cette version de 230cv se trouvant juste en-dessous de la RS Q3 au catalogue.

Intérieur

Un fois installé dans ses sièges confortables, force est de constater que l'intérieur de la Sportback ne s'éloigne guère d'une Q3 classique. La planche de bord – dont la forme s'inspire de celle de la calandre – est très moderne, bien présentée et légèrement orientée vers le conducteur. On est à des années-lumière de la planche de bord du modèle apparu en 2011. La finition et le choix des matériaux reste irréprochable. L'habitabilité est dans la moyenne et la position de conduite, bien droite, correspond à ce à quoi on s'attendait en s'installant dans un SUV Audi. Notons tout de même une visibilité ¾ arrière assez déplorable, à cause bien entendu de ce montant C, fort incliné. Autrement, l'ergonomie est correcte, à un ou deux détails près, comme par exemple le potentiomètre du volume du système audio, qui se trouve fort éloigné du conducteur. Les places arrière sont confortables, mais les plus grands formats ne s'y sentiront pas forcément à l'aise à cause de l'abaissement de la hauteur du toit et l'inclinaison du montant C derrière leur tête. Le point fort de ce SUV pseudo coupé, est qu'il a su conserver le côté pratique et modulable du SUV classique. Le volume de coffre reste à 530l, comme un Q3 normal, mais l'inclinaison de la lunette arrière ne vous aidera pas au moment de charger des colis volumineux, surtout en hauteur. En attendant, on ne se rend pas tous les jours chez les marchands suédois de meuble en kit. Nous regrettons cependant que le rabattage de la banquette arrière se fasse uniquement depuis l'intérieur et non pas depuis le coffre.

Sécurité

La variante Sportback n'a pas été soumise aux épreuves infligées par le consortium EuroNCAP. La Q3 s'en est chargé peu après sa commercialisation. Et il n'y a pas de raisons que le résultat soit bien différent puisque toutes deux sont identiques techniquement. La Q3 avait inscrit des scores de 95% pour la sécurité des occupants adultes, 86% pour celles des enfants et 76% pour celles des piétons. Ces notes sont excellentes et plutôt rassurantes si un drame devait se produire. Pour ce qui est des aides à la sécurité, la Q3 avait reçu une note de 85%, surtout parce qu'elle est, de série, équipée d'un avertisseur d'angle mort, d'un assistant de freinage d'urgence actif avec détection des piétons et d'un assistant de maintien de voie. Vous aurez aussi la possibilité, moyennant supplément, d'opter pour d'autres systèmes, comme par exemple la vision panoramique à 360°, afin de conserver votre carrosserie en parfait état lors des créneaux dans les emplacements de parkings les plus étroits.

Conduite

En abusant dans le choix des options, elle est plus chère qu'une RS Q3 de base

Nous essayons ici la version 45 TFSI quattro, qui correspond à une motorisation suralimentée de 2 litres et quatre cylindres à essence. Elle développe 230cv à 5.000tr/min et génère un couple de 350Nm dès 1.500tr/min. La Q3 Sportback ne trouve pas de réelle concurrente chez Mercedes ou BMW, où les GLC coupé et autres X4 sont plus grandes de respectivement 24 et 25cm. Elles sont aussi un peu plus puissantes avec 258cv pour la Mercedes GLC 300 4Matic Coupé et 252cv pour la BMW X4 xDrive30i. Notre monture d'essai abat le 0-100 en 6,5 secondes pour une vitesse de pointe de 231km/h. C'est un peu moins bien que la Q3 classique à motorisation égale, qui réclame 6,3 secondes pour le sprint et 233km/h en vitesse maxi. A 5kg près, elles font pourtant le même poids, à savoir près de 1.700kg. Les accélérations et les reprises sont franches, pourtant les sensations ne sont pas au rendez-vous. Tout est feutré, presque silencieux. Le moteur prend facilement des tours, mais la sonorité reste peu sportive. Elle démontre aussi une certaine nonchalance sur les premiers mètres, que nous attribuons à la gestion électronique de la boîte S tronic moins rapide que ce à quoi Audi nous a habitués. Même motorisée par ce bloc 2 litres turbo, la Q3 Sportback revendique son côté SUV familiale tendance et performant, plutôt que sportif, et elle ne tient pas à titiller les extrêmes, qu'elle laisse volontiers à la RS Q3, bien plus performante. Sur le plan dynamique, le comportement reste rassurant, grâce en grande partie à la transmission quattro. Efficacité et motricité sans faille. Nous regrettons cependant que la suspension reste trop ferme, même en mode Confort. C'est clairement un plus pour la tenue de route et la caisse ne prend pas de roulis, mais c'est un point négatif pour le confort général. Le bilan énergétique nous a également déçu, car si le constructeur a homologué une consommation moyenne de 7,4L/100km, correspondant à 168g/km de CO2 selon le cycle NEDC, nous avons enregistré une moyenne de 10,3l/100km durant l'essai. Cette valeur se rapproche davantage de la consommation homologuée en cycle WLTP, qui s'élève à 9,1L/100km ou 206g/km de CO2.

Conclusion

Les Allemands d'Ingolstadt nous gratifient d'un bon SUV 'coupé' – et on insiste bien sur les guillemets – au design aguichant et aux proportions réussies. Confortable et puissant, il est malgré tout avare en sensations et laisse le rôle du bad boy au RS Q3 qui se chargera de malmener ses occupants plus dynamiquement. La Q3 Sportback a tout de même conservé l'aspect pratique du SUV classique, ce qui en fait finalement une bonne familiale au look tendance. Le problème, comme souvent dans le secteur premium, reste le tarif, qui grimpe rapidement au fur et à mesure que vous piochez dans la – longue – liste d'options, au point, dans notre cas, de dépasser le prix de base du RS Q3.


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