Il n'est pas surprenant que le malaise économique actuel touche également les entreprises du secteur automobile. Rares sont ceux qui ressentent l'étranglement de la crise du coronavirus aussi fort que Jaguar-Land Rover. Ils étaient effectivement en détresse respiratoire avant même l'apparition du virus. L'entreprise avait mal calculé la vitesse à laquelle les politiciens européens mettraient en place une électrification au moins partielle. Seule une minorité de ses modèles sont déjà disponibles en version hybride rechargeable. Un point positif à cet égard : l'année dernière la Jaguar électrique I-Pace est devenue la voiture de l'année. En parallèle, l'entreprise doit faire face à la soudaine aversion pour le diesel et aux conséquences du Brexit.
Moins d'employés et bientôt moins de modèles également ?
C'est pourquoi la structure des coûts de l'entreprise s'est vue radicalement modifiée. En premier lieu, c'est une mauvaise nouvelle pour ceux qui y travaillent. Il y avait déjà deux motifs de licenciement. D'autres suivront peut-être.
En amont de la chaîne, des partenaires sont recherchés pour partager les coûts de développement futurs. Il n'est pas improbable que ces derniers aient un passeport chinois. Aussi, un accord avec BMW existait déjà. On spécule sur de nouveaux modèles qui sortiraient des chaines de montages allemandes.
La gamme des modèles est en cours d'examen par la même occasion. Jaguar et Land Rover proposent désormais 14 modèles, dont le nouveau Defender. Deux nouveaux projets sont également dans les tuyaux, dont un crossover léger pour Land Rover qui a provisoirement été baptisé Road Rover (photo ci-dessus). Cela risque d'être un peu trop.
Les berlines Jaguar ne se vendent pas bien
C'est surtout dans le catalogue Jaguar que l'on trouve des modèles non rentables. Ces berlines ont du mal à convaincre les clients. La berline moyenne XE n'arrive pas encore aux talons de ses concurrentes allemandes. La grande XF a une existence tout aussi marginale dans le segment supérieur. La limousine de luxe Jaguar XJ a déjà été retirée de la production, mais elle aura un successeur. Elle sera purement électrique. Peut-être qu'elle sera aussi déficitaire. Toutefois, sa suppression n'est pas une option. Le développement est à un stade avancé et le parc automobile zéro émission (du moins sur le papier) est désespérément nécessaire pour réduire les émissions moyennes de la marque en Europe.
Chez Land Rover, le Range Rover Sport semble être le modèle le plus menacé. Les analystes soupçonnent que le Velar, beaucoup plus récent, sert en grande partie le même public.
Une décision à propos de la gamme de la marque est attendue dans les prochaines semaines. On ne s'attend pas à des conséquences concrètes à court terme. Cela demande des efforts considérables de condamner un modèle.