Essai Audi SQ2

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Par: VG 26-06-2019

Lancée en 2016 pour répondre à la demande incessante des modèles compacts surélevés, le crossover Q2 a attendu plus de deux ans pour se décliner en version sportive (ou presque, on y reviendra plus bas), appelée SQ2. Débute alors une gentille guéguerre au sein du groupe VW, avec l’arrivée de la Cupra Ateca, suivie très prochainement par la Volkswagen T-Roc R, toutes trois animées par le même moteur. En dehors du groupe, la concurrence s’élargit aux ennemies habituelles telles que la BMW X2 M35i et autre Mercedes-Benz GLA 45 AMG, un peu plus grandes, bien plus puissantes (le GLA 45 AMG culmine à 381cv) et surtout, beaucoup plus chères avec des tarifs d’au moins 59.840 € pour la BMW X2 et 58.685 € pour la puissante Mercedes.

Bien que la gamme débute timidement à 27.020 € par le Q2 30 TDI de 116cv (1.6l – 4 cylindres), elle se poursuit par les motorisations 2 litres à 4 cylindres, avec le 35 TDI de 150cv, à partir de 29.175 € et le 45 TFSI de 190cv réclamant un minimum de 33.490 €. Disons que la SQ2 est une sorte de gamme à part, comme toutes les Audi S ou RS. Notre véhicule d’essai affiche un prix de base de 44.950 €. Comme d’habitude à Ingolstadt, la liste d’options est plutôt longue. En cochant les cases : pack extérieur et intérieur, navigation Plus avec MMI Touch, hi-fi B&O, pack assistance (régulateur de vitesse adaptatif, Active Lane Assist, pre sense front, assistance bouchons etc…), l’affichage tête haute, le virtual cockpit et encore bien d’autres, l’addition grimpe tout de suite à 62.204 €.

Extérieur

La sonorité est tellement artificielle (résonateur) en mode dynamique
En se glissant dans son survêtement de sport, nous regrettons que la SQ2 n’ait pas fait un petit effort supplémentaire pour donner une image plus sportive et en phase avec ses performances. Elle ne se distingue finalement que par un châssis abaissé de 20mm, des jantes de 18’’ (19 en option), huit barres horizontales sur la grande calandre singelframe et quatre embouts d’échappement qui sont finalement les seuls à véritablement souligner son caractère endiablé. Elle repose sur la plateforme modulaire MQB qu’elle partage entre autres avec l’Audi A3 et le VW T-Roc. Les dimensions restent identiques, avec une longueur totale de 4,19m, une largeur de 1,79m et une hauteur de 1,51m. Elle est parmi les plus petites de son segment. A titre de comparaison, le VW T-Roc fait 4,23m de long et les BMW X2 M35i et Mercedes GLA 45 AMG s’étalent respectivement sur 4,36m et 4,46m. Le système quattro de la SQ2 vient grignoter 50l de volume de coffre, pour un total de 355l (405l sur une version à roues avant motrices) en configuration 5 places. Ces chiffres nous semblent quelque peu insuffisants pour le segment, surtout en comparaison avec le BMW X2 et ses 470 litres. En couchant la banquette arrière, le volume du SQ2 grimpe à 1.000 litres (contre 1.355l pour le X2).

Intérieur

Le petit crossover d’Audi est accueillant. Les places avant offrent une assise confortable et un dossier au maintien latéral appréciable. Le confort de marche est plutôt surprenant pour un véhicule qui chausse des jantes de 19 pouces, montées sur des pneus 235/40 et dont la suspension a été raffermie et le châssis abaissé de 20mm. Un confort qui, logiquement, se dégrade en fonction de l’état du revêtement sur lequel vous circulez. La position de conduite est excellente, mais la visibilité ¾ arrière est légèrement perturbée par des montants C relativement imposants. L’ergonomie est correcte, et elle le serait d’autant plus si la molette de pilotage du système MMI n’était pas si reculée. La technologie embarquée est au top, notamment avec le virtual cockpit (en option) de 12,3’’ offrant trois différents modes de vue ou encore les cartes Google Earth de la navigation Plus (en option également) affichées sur un écran de 8,3’’. Il inclut un module de transmission LTE et un accès wi-fi pour les appareils mobiles des passagers. L’empattement de 2,60m a favorisé l’espace aux places arrière plutôt que le volume de coffre. On y est bien installés et l’espace genoux et coudes et suffisant pour y accueillir trois adultes. Seule la place centrale est quelque peu sacrifiée à cause de l’imposant tunnel de transmission. Malgré une ligne de toit fuyante, l’espace pour la tête est acceptable pour des personnes mesurant jusqu’à 1,85m. Dans l’ensemble, la finition est irréprochable et le choix des matériaux est satisfaisant, mais Audi ne nous avait pas habitué à tant de plastiques durs dans ces intérieurs, même sur les parties moins visibles, surtout pour ce modèle supposé haut de gamme à plus de 62.000 €.

Sécurité

En 2016, le Q2 inscrivait des très bons scores en matière de sécurité active et passive à la suite des épreuves d’impacts imposées par le consortium EuroNCAP. Cinq étoiles, 93% pour la sécurité des adultes, 86% pour celles des enfants, 70% pour celle de piétons, notamment grâce à l’Audi pre sense front, et 60% pour ce qui concerne les aides à la sécurité. Nous octroyons quelques points supplémentaires à la SQ2 en raison de l’excellente transmission quattro, dont l’efficacité n’est plus à démontrer, mais également grâce à ses freins puissants (disques de 340mm à l’avant et 310mm à l’arrière). Tous les éléments de sécurité obligatoires sont bien entendu présents, comme l’ABS, l’ESP, les airbags frontaux, latéraux, thorax et bassin. Il manque cependant l’airbag genoux pour le conducteur. Notons qu’il est dommage qu’après plusieurs années d’existence, une grande partie des assistants, que ce soit de sécurité ou à la conduite, ne soient pas offert en dotation de série.

Conduite

Audi ne nous avait pas habitué à tant de plastiques durs dans ces intérieurs
L’Audi SQ2 met finalement la main sur le puissant 2 litres quatre cylindres TFSI. Ce bloc turbo essence de 300cv et 400Nm a largement fait ses preuves au sein du groupe. Rageur, il propulse le crossover de 1.510kg à 100km/h en 4,8 secondes. Le grip et la motricité lors d’un démarrage en mode Dynamique, avec le ‘launch control’ enclenché, sont réellement surprenants. La vitesse de pointe est limitée électroniquement à 250km/h. La boîte S tronic y est bien entendu pour beaucoup. Elle gère tout, vous n’avez qu’à maintenir le pied droit enfoncé, bien tenir le volant et le tour est joué. Cette boîte automatique à double embrayage de sept rapports peut cependant se montrer un peu brutale sur les autres modes – Auto, Comfort, Efficiency et Individual. Des modes sur lesquels nous avons aussi remarqué un certain manque de réactivité moteur/boite. Mais avec sa transmission quattro et les contrôles de stabilité et de traction, le SQ2 peut évoluer à un rythme dynamique tout en conservant un comportement très rassurant. En revanche, dès que vous débranchez l’ESC, il devient franchement sous-vireur, le roulis s’accentue et on ressent très clairement le poids du museau peser sur l’essieu avant. C’est pourquoi, nous continuons de penser que malgré des performances de sportives, un SUV, celui-ci ou un autre, ne peut pas se comporter comme une sportive. Nous saluons tout de même l’effort déployé pour y parvenir. Le freinage se montre puissant et offre d’entrée un bon mordant, mais notre coup de cœur ira à la direction, ultra précise et proposant une consistance inhabituelle dans ce segment. Notre point négatif est attribué à la sonorité, trop discrète en générale pour une voiture qui se veut sportive et tellement artificielle (résonateur) en mode dynamique. Il faudrait peut-être songer à arrêter avec ça ! Le bilan énergétique reste convenable, si l’on tient compte des performances et des 1.510kg de la voiture. La moyenne de l’essai s’est stabilisée sur 11,4l/100km, mais elle peut facilement taquiner les 15 litres en marquant un rythme plus soutenu. Des chiffres bien éloignés de ceux atteints pour l’homologation : 7,2l/100km ou 163gr/km de CO₂.

Conclusion

Avec un S en préfixe, le petit Q2 s’encanaille ! Bon nombre de constructeurs tentent coûte que coûte de nous persuader qu’un SUV peut être sportif. Cela pourrait éventuellement s’avérer pour une poignée de gros SUV à plus de 200.000 €, mais ce n’est pas encore le cas pour les autres. Attention, ce SQ2 accélère comme un diable, mais il ne faut confondre performance et sportivité. Cela dit, avec le confort général que propose le SQ2, il peut se montrer très agréable au quotidien, à condition d’accepter son appétit vite démesuré en conduite dynamique.


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