Oui, l'intérêt des Belges pour la voiture électrique augmente. Mais pas de manière aussi spectaculaire que certains le prétendent. Ils ne sont que 13 % à l’apprécier. De plus, le climat n'est visiblement pas la principale raison de passer à l'électrique et les doutes sont encore nombreux. C'est ce que révèle une grande enquête menée par Deloitte auprès des consommateurs.
Le cabinet d'études Deloitte a interrogé plus de 26.000 consommateurs adultes (dont 1.019 Belges) sur des sujets clés du secteur automobile en septembre et octobre 2022. Ils ont bien entendu été interrogés sur la voiture électrique. 13 % des Belges souhaitent que leur prochaine voiture soit purement électrique, contre seulement 10 % en 2021. 23 % opteraient pour une voiture hybride classique (sans prise et qui se recharge en roulant) et 12 % préfèreraient une voiture hybride rechargeable. Le diesel et l'essence passent de 51 à 47 %. Les quelques pourcents restant se dirigeraient vers des alternatives telles que l’hydrogène.
Les raisons pour lesquelles les consommateurs belges optent pour une voiture électrique sont les suivantes : coûts de carburant moins élevés, moins d'entretien, taxation élevée sur les véhicules thermiques, incitations gouvernementales et meilleure expérience de conduite. "La perception que les coûts de carburant seront nettement inférieurs reste la principale raison du choix de l'électrique. Il l'emporte sur toute préoccupation climatique", déclare Aled Walker, Automotive Leader chez Deloitte Belgique.
Fossé entre les riches et les pauvres
Le prix est également une question importante. Six consommateurs sur dix considèrent que le prix d'achat d'une voiture électrique est le principal obstacle. "La plupart des consommateurs s'attendent à payer moins de 50.000 euros pour leur prochaine voiture, ce qui indique un risque potentiel d'accessibilité financière. La crise financière actuelle influence clairement les décisions des consommateurs", explique M. Walker. "Comme bon nombre de véhicules électriques ont un prix de départ avoisinant les 50.000 euros, le fossé entre riches et pauvres devient de plus en plus évident."
27 % des consommateurs sont préoccupés par la valeur de revente de la voiture. En effet, des questions se posent quant à la santé à long terme de la batterie. Cette préoccupation est plus répandue chez les acheteurs d'une voiture électrique d'occasion (35 %) que chez les acheteurs d'une voiture électrique neuve (24 %). Sept personnes sur dix intéressées par une voiture électrique s'attendent à une autonomie d'au moins 400 km. On constate clairement une évolution positive des dernières voitures électriques sur ce plan, du moins en dehors des périodes les plus froides de l’année.
Autre préoccupation : la moitié des consommateurs veut payer par carte bancaire aux bornes de recharge publiques. 55 % des personnes interrogées seraient disposées à patienter de 10 à 40 minutes dans une station de recharge publique pour une batterie rechargée à 80 %.
Est-ce que ça va assez vite ?
“Les Belges ne sont que 13 % à préférer la voiture purement électrique”L'Europe veut limiter la vente de voitures neuves aux voitures électriques d'ici 2035. Mais ces délais sont-ils réalisables ? "Nous nous dirigeons vers un avenir de mobilité électrique, notamment pour les véhicules utilitaires, mais il reste à savoir si cela sera suffisamment rapide pour atteindre les objectifs ambitieux fixés en matière de réduction des émissions de CO2. Qu'il s'agisse du prix de revient ou des installations de ravitaillement, les fournisseurs doivent encore convaincre les consommateurs particuliers belges qu'opter pour la conduite électrique leur sera bénéfique, ainsi qu'à l'environnement."
De meilleurs carburants de synthèse ?
Alors que le gouvernement crée un monopole non sollicité pour les voitures électriques, les consommateurs restent ouverts à d'autres solutions telles que les carburants de synthèse. 44 % des personnes ayant participé à l’enquête reconsidéreraient leur décision d'acheter une voiture électrique si un carburant de synthèse écologique était disponible. Un autre groupe de 44 % souhaite ‘éventuellement’ le faire, à peine 12 % ne le souhaitent pas. C'est donc une bonne nouvelle pour les entreprises (comme Porsche) qui continuent à investir dans le développement des carburants de synthèse.