Les tensions géopolitiques autour des terres rares commencent également à toucher de plein fouet l'industrie automobile. Suzuki a dû suspendre la production de la populaire Swift à la fin du mois de mai en raison d'une pénurie de pièces causée par les restrictions chinoises à l'exportation de métaux à base de terres rares. Selon Reuters, la production s'est arrêtée le 26 mai et le redémarrage n'est pas attendu avant aujourd’hui, le 13 juin. Ce n'est qu'une des nombreuses marques qui connaissent des problèmes. La Fédération européenne des fournisseurs de pièces détachées tire la sonnette d'alarme.
La Chine ferme le robinet
Depuis le mois d'avril, la Chine a restreint les exportations de terres rares, qui sont essentielles pour les moteurs électriques, les batteries et les aimants, entre autres. Bien que la nouvelle ait initialement reçu peu d'attention en raison du conflit commercial plus large entre les États-Unis et la Chine, les effets se font maintenant clairement sentir.
Suzuki n'est pas la seule à être touchée : les fournisseurs de BMW sont également confrontés à des pénuries. Néanmoins, la production sur place (selon les déclarations de la marque) se poursuit normalement pour le moment. D'autres constructeurs, tels que Mercedes et Volkswagen, affirment qu'ils ne sont pas touchés pour l'instant, bien que Mercedes dise qu'elle travaille activement à réduire sa dépendance à l'égard des terres rares.
Les métaux des terres rares sont un groupe de 17 éléments chimiques tels que le néodyme, le dysprosium, le terbium et le praséodyme. Dans les voitures, ils sont principalement utilisés dans les aimants permanents puissants pour les moteurs électriques, les capteurs, l'éclairage LED, les écrans tactiles et même dans les systèmes de post-traitement des gaz d'échappement des moteurs à combustion. Sans ces éléments, les véhicules modernes - électriques ou non - ne peuvent tout simplement pas être construits.
Alarme européenne
L'organisation européenne des fournisseurs de pièces automobiles (CLEPA) tire la sonnette d'alarme : la chaîne d'approvisionnement est ‘’gravement perturbée’’, avec des risques de pertes d'emplois et d'arrêts de production pour les véhicules à combustion et les véhicules électriques. Certaines lignes de production des fournisseurs ont déjà été fermées.
Jeu politique
En coulisse, des motifs géopolitiques entrent en jeu. Les restrictions chinoises semblent être une réponse aux droits de douane américains et pourraient constituer un moyen de pression dans le cadre du différend commercial plus large. Les présidents américain et chinois ont récemment discuté de cette question par téléphone.
Entre-temps, la Chine a accordé des licences d'exportation temporaires à des fournisseurs de Ford, General Motors et Stellantis, entre autres. Des entreprises avec, en effet, un fort ancrage américain. L’Europe politique n’a pas voix au chapitre. Ce répit, qui pourrait durer jusqu'à six mois, devrait permettre de relâcher la pression. Néanmoins, les perspectives restent incertaines tant que le jeu autour des produits stratégiques de base se poursuit. La production automobile chinoise n'a évidemment pas été affectée.