L’extinction des monovolumes semble se confirmer. Citroën mettra un terme à la carrière du Grand C4 SpaceTourer cet été et entrainera ainsi la disparition de l’un des derniers monovolumes classiques. Y a-t-il encore un avenir pour ce segment autrefois si populaire ?
Bien que Renault ait été plus rapide avec l'Espace (1984) et plus tard le Scénic (1996), Citroën a joué un rôle important dans le segment des monospaces au cours des dernières décennies. Cette histoire a commencé en 1994 avec l'Evasion, avec sept sièges et - la principale différence avec l'Espace - des portes coulissantes latérales. En 2002, elle a été remplacée par le C8, plus grand, commercialisé jusqu'en juin 2014. Toutefois, en ce qui concerne les grands monospaces, Citroën a toujours été dans l'ombre d'autres modèles, tels que le Renault Espace ou le Volkswagen Sharan.
Fructueux Picasso
Citroën a fait un bon score dans la catégorie des monospaces compacts, où la Xsara Picasso a connu un franc succès entre 1999 et 2012 grâce à ses lignes originales et arrondies et à son intérieur modulaire avec trois sièges identiques à l'arrière. 180.000 unités ont été vendues au cours de sa première année de production. En comparaison, c'est plus que ce que l'Evasion (120.000 exemplaires) ou le C8 (150.000 exemplaires) ont fait durant toute leur carrière. La production totale de la Xsara Picasso s’élève à près de 1.760.000 exemplaires.
En 2006, le C4 Picasso a fait son entrée dans la gamme avec la première version longue (Grand) à sept places, suivie d'une version courte à cinq places en 2007, qui est l'année de l'apogée des monovolumes. Citroën a obtenu de bons résultats avec la Xsara Picasso (115.000) et la C4 Picasso (215.000). Le monovolume compact était une véritable tendance.
Mais les temps changent et la situation n'a cessé de se dégrader depuis. Le C3 Picasso, plus petit et ayant connu moins de succès, a disparu de la gamme vers la fin 2017. La C4 SpaceTourer à cinq places a connu le même sort. Dans quelques mois (en juillet), Citroën arrêtera la production du Grand C4 SpaceTourer. Il a d’ailleurs déjà disparu du site web de l’entreprise. Cela signifie la fin de tous les MPV pour la marque aux chevrons.
Pourquoi ?
"Parce que les besoins et les envies des clients ont changé, parce que l'expression de la modernité et de la valeur ajoutée est désormais portée par d'autres formes de carrosserie, et parce que la façon de penser la mobilité évolue", c'est ainsi que Citroën décrit elle-même les raisons de cette décision. En d’autres termes : le consommateur moyen n'aime plus le monospace et préfère un SUV qui a l'air plus costaud. Le fait qu'un monospace augmente la moyenne de CO2 du parc automobile et que les sept sièges soient plus difficiles à concilier avec l'électrification forcée du marché n'aide pas non plus.
Quelles alternatives ?
Il est difficile de trouver une véritable alternative au Grand C4 SpaceTourer. Citroën elle-même met en avant le C5 Aircross (mais ce SUV n'offre pas sept places), le C5 X (une berline...), le ë-SpaceTourer (pour six à neuf personnes, mais plutôt un fourgon) et enfin le ë-Berlingo (ludospace). Ce dernier aurait pu apporter un certain réconfort, si Citroën ne vendait depuis janvier la version électrique du modèle de tourisme qu'au prix peu familial de 38.650 euros.
La concurrence n’a pas grand-chose de plus à offrir, même du côté premium. BMW vient de présenter la nouvelle Série 2 Active Tourer et c'est à peu près le seul monovolume récent. Aucun successeur n'est à attendre de modèles tels que les Volkswagen Touran et Sharan, les Ford S-Max et Galaxy, et les Renault Scénic et Espace, qui sont tous également sur le point de disparaître. Ce sont les SUV et les crossovers qui sont à l'ordre du jour. Un ludospace (genre Volkswagen Caddy) ou un break avec des traits de SUV (Dacia Jogger) pourrait être un compromis acceptable pour les familles qui recherchent un sept places relativement abordable et compact.